
Artiste discret, il s’inscrit dans la lignée de Wax Tailor ou Chinese Man, musique progressive, narrative tout en accords souples. Pas de grand message d’après son auteur, mais juste une musique subliminale parsemée de multiples instruments. Bluffant de sincérité, nous l’avons rencontré à Marsatac. Interview.
Jouer à Marsatac, c’est un peu jouer à la maison ?
Hugo Kant : Oui ! Je suis du coin ! J’ai vécu à Marseille, Aix, Avignon…
Nous te découvrons ce soir, tu es surprenant, multi-instrumentiste ! De combien d’instruments joues-tu ?
Hugo Kant : Je ne sais pas, je ne compte pas ! Cela veut dire quoi, bien jouer d’un instrument ? Piano, basse, percussion, accordéon, flûte, guitare, clarinette... voilà. J’ai une formation classique à la base, piano guitare et puis beaucoup de jazz. J’ai fait deux ans de jazz à l’IMFP en piano, après mon bac.
On peut dire sans jouer du cliché que tu t’inscrits dans la veine de Soul Wax, Chinese Man, musique progressive électro, métissée… Comme définirais-tu ton style ?
Hugo Kant : Définir ma musique, ce n’est pas évident ! Mais dernièrement j’ai beaucoup aimé les démarches artistiques de Bonobo, ce mélange de musiques acoustiques et de production apportée par le MAO. Mélanger les univers ! Le classique, le jazz, l’électro…
L’electro donnerait un second souffle au classique ? Les machines à la rescousse des instruments ?
Hugo Kant : Le classique, je ne sais pas mais oui, je suis d’accord que les machines permettent de mettre au goût du jour la rigueur, le travail, la précision. Dans le sampling aussi, juste le fait de répéter des patterns de batterie, cela fait partie de cette identité musicale.
C’est drôle parce que tu joues avec des sonorité désuètes, l’orgue, l’accordéon ! Quelque part, cela fait découvrir ces instruments à un public jeune ?
Hugo Kant : Oui, mais j’adore ça, c’est décalé finalement, tu véhicules un truc, un message. L’accordéon est l’instrument bien franchouillard, cela me fait délirer d’en jouer sur scène !
Quelle est pour toi la recette type d’un bon morceau ? Que mettre dedans, ton sel, ton poivre, tes ingrédients ?
Hugo Kant : Il n'y a pas de recette type, il n'y a pas de règle. De tout façon, c’est personnel, que mes goûts. J’écris beaucoup en mineur. J’y mets un peu de tout, un riff accrocheur, un son accrocheur, comme dans les Beatles ou Bob Marley ! Il y a un petit truc qui t’interpelle et qui t’entraîne ailleurs, pour moi c’est ça LE bon élément d’un morceau.
Sur scène vous êtes trois, vos composez ensemble ?
Hugo Kant : Non je compose seul, et après on bosse les morceaux. Moi je suis un mec normal, je suis musicien depuis toujours. Ça fait longtemps que je bosse en multi-pistes. Ado, je reprenais les Beatles, sur mon 4-pistes en analogique ! Puis je suis passé à d’autres machines, je jouais dans des groupes. Mais pas comme ce projet ! C’est mon premier projet solo et je me sens prêt.
Musique narrative, des pistes vers le cinéma ?
Hugo Kant : Non pas pour le moment, mais ça me tenterait bien. Moi ce que je veux faire avant tout, c’est de la musique. Après on verra où cela nous mène, le cinéma pourquoi pas !
Pas fermé sur le reste du monde, les yeux et les oreilles bien ouvertes, Hugo Kant est un petit génie qui s’ignore. Au plaisir de recroiser cet artiste et sa sensibilité, à découvrir assurément !

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