Chère Agnès,
Je voulais profiter de la sortie de votre premier album, Adieu l’enfance, pour vous remercier pour votre culture, pour Theodor Adorno, et naturellement et surtout pour votre musique. Adieu l’enfance est votre premier album mais il a été précédé par un EP deux titres sorti cet été, deux titres que l’on retrouve d’ailleurs sur ce disque, déjà appelé Adieu l’enfance et par cinq autres EP depuis 2009. C’est dire à quel point j’attendais ce disque et à quel point je suis heureux qu’il soit à la hauteur de mes espérances.
Ce disque est le reflet de votre musique, foncièrement pop mais sans faux-semblants, lettrée mais accessible, écrite avec minutie entre équilibre et mesure. On y retrouve vos mélodies attrape-cœur, cette subtilité, cette profondeur, votre façon de construire vos chansons, de jouer avec la prosodie et le rythme des mots. On imagine que vous avez dû écouter beaucoup les Smiths, les Cocteau Twins, The Cure, de la musique savante, des polyphonies de la Renaissance et de la musique électronique. On vous image fragile et forte à la fois. Sincère aussi.
Votre disque parle de l’enfance bien sûr, du temps qui passe, de la modernité. Il parle de vous, il parle de nous. Avec ce disque vous mariez pop avec synthétique, lettres avec lumière, rock avec dandysme, érudition avec simplicité. La première partie d’Adieu l’enfance est une collection de tubes ("Adieu l’enfance", "Dans le doute", "Les Fashionistes", "La Ligne d’horizon") où il me semble que vous atteignez votre graal "Jeannettien". "Rêve de verre" est un entre-deux, un jeu d’équilibriste a cappella. Quand à la seconde partie, plus sombre, elle montre toutes les aspérités de votre musique ("Midnight", "Moderne", "Le Parfait Etat", "La Fumée dans le ciel"…).
Vous êtes une sorte de Christophe au féminin. Ce je ne sais quoi de classe, de hauteur, d’intelligence. Ce supplément d’âme, cette perfection, cette noblesse qui fait de la musique pop un art majeur. Et puis il y a votre voix, qui touche, qui donne des frissons. Alors je ne vous souhaite pas d’être moderne, car vous le dites très justement être moderne c’est déjà vieux, mais je vous souhaite de traverser le temps, et de devenir intemporelle.
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