De Kift, groupe hollandais chantant en néerlandais des textes inspirés par des écrits littéraires ou poétiques (de Rabelais à Gogol en passant par Lord Byron) , sort un album éponyme chez Mon Slip le label créé par Les Têtes Raides. C'est présumer d'ores et déjà qu'il ne s'agira pas de post rock atmosphérique.
Dès les premières mesures, on sait qu'on s'éloigne irrémédiablement de la pop, du rock, de l'électro, de la variété, bref de tous les registres connus et de tous les courants musicaux actuels. Difficile dès lors de procéder au rituel de l'étiquetage.
De Kift brosse un univers musical polymorphe dont les racines puisent incontestablement dans le bon vieux socle des arts et traditions populaires au sens non péjoratif des termes.
Le chant des hommes, qu'il rappelle les chœurs de l'armée russe ("Oe"), les chants polyphoniques corses pour virer en chansons de taverne ("Kreupele Nachtegaal"), les ballades du bon vieux temps du Grand Prix de l'Eurovision ("Nauwe Mijter") ou les bals de village (le dernier slow joué par l'orchestre du mariage de la campagne "De Dorpsboom"), se posent sur des musiques qui apprivoisent la cacophonie pour l'ériger en symphonie dissonnante qui se rapprochent parfois, de par l'avalanche de cuivres tonitruants, de celles de Mardi Gras BB ( "Wee Mij", "Uitpuilende Ogen")
Et puis, De Kift ravira les cinéphiles par sa propension à esquisser les atmosphères qui furent celles du néo-réalisme italien ("Muur, Muur", "Tabee") , de l'expressionisme allemand avec ses pianos de bastringue et ses cabarets berlinois ("B 3", "Almanak") et plus contemporain, les envolées
kusturiciennes magnifiées par Goran Bregovic ("Rolfie").
A découvrir...et à voir sur scène incontestablement.
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