De Kift, groupe connu en Hollande, débarque en France sous l'impulsion de Mon Slip, le label des Têtes Raides. Leur album éponyme, qui s'inscrit dans un univers musical polymoprhe, nous avait fait grand eimpression.
En live, aux Théâtre des Bouffes du Nord, le groupe, un groupe de scène prodigieux, a reçu, au terme d'un concert ma-gis-tral, n'ayons pas peur des mots, un accueil triomphal.
Rencontre avec les membres fondateurs qui nous racontent une aventure musicale bigarrée, chaleureuse et presque familiale.
Comment s'est créé le groupe De Kift?
Ferry Heijne : Dans les années 70, Wim jouait dans un groupe et moi-même j'ai joué dans différents groupes. Entre 1985 et 1989, Wim ne jouait plus de musique car il était saturé. J'étais dans la même situation. Et au bout de 4 ans, il a de nouveau eu envie de faire de la musique et il est venu me voir avec l'idée de former un groupe. L'idée essentielle pour nous était de chanter en hollandais car dans nos groupes précédents nous chantions en anglais. Comme nous voulions créer un nouveau groupe, nous voulions chanter dans notre langue.
Nous avons donc créé De Kift et nous avons cherché 2 autres membres dont un bassiste et un chanteur car moi je joue de la guitare et un peu de la trompette et Wim joue de la batterie. Un an après, le chanteur, qui écrivait tous les textes, a quitté le groupe et nous avons dû chercher une façon de pouvoir nous exprimer par nous-même. Entre 1989 et 1993, nous avons réalisé notre deuxième album. Nous cherchions un mode d'expression qui nous corresponde et nous avons puisé dans la littérature pour créer nos chansons. Simultanément, nous avons utilisé d'autres formes d'expression artistique comme le cinéma, le théâtre, des projections dans l'art lyrique. Et toutes ces acticités ont influencé De Kift pour l'amener à ce qu'il est aujourd'hui.
Tous les membres du groupe travaillent dans le milieu artistique?
Wim ter Weele : Nous ne sommes que 3 à nous consacrer entièrement à De Kift et à vivre de ce travail. Mais nous ne gagnons pas assez d'argent pour rémunérer les 8 musiciens qui sont sur scène plus les techniciens qui nous assistent. Pendant douze ans, De Kift était du bénévolat car le groupe ne nous rapportait presque rien. Mais c'était un choix.
Ferry Heijne : La semaine nous travaillons ensemble dans notre propre studio. Wim s'occupe de tout l'artwork, Marco, mon fère, s'occupe de tout l'aspect gestion et organisation et je m'occupe de la musique. Les autres membres du groupe nous rejoignent pour les enregistrements et les albums.
De Kift est multi générationnel car le groupe est formé de musiciens d'âge très différent?
Ferry Heijne : Le joueur de trompette c'est notre père et le guitariste est note neveu. Ma mère s'occupe de la boutique marchandising. Pour les autres musiciens, c'est le fruit du hasard et des rencontres. Cet album (ndlr : il me montre l'album Krankenhaus réalisé en 1993 qui est contenu dans une boite en bois) nous l'avons enregistré à 3, Wim, un guitariste et moi qui jouais de tous les autres instruments. Mais nous ne pouvions pas jouer les morceaux à 3 sur scène. J'ai fait appel à mon père qui venait juste de pendre sa retraite et nous avons engagé un musicien. Mon père a dit qu'il lui fallait une nuit de réflexion. Et il a rejoint De Kift. Marco avait aussi un groupe à l'époque dans lequel Pim Heijne jouait. Ce groupe a splité et nous lui avons donc demandé à de nous rejoindre. C'est ainsi que le groupe s'est étoffé.
Cet album est un très bel objet.
Ferry Heijne : Oui. Notre premier album était un vinyl. Ensuite, nous avons suivi le mouvement quand les CDs sont apparus dans les années 90. Mais nous ne voulions pas des boîtes standardisées en plastique. Nous attachons une grande importance à l'objet. Wim a toujours de bonnes idées pour les pochettes. Par exemple, pour Vlaskoorts , l'album réalise en 1999 (ndlr: le Cd est dans un cadre) et ce DVD.
Wim Wim ter Weele : : C'est l'histoire de De Kift et nous jouons nos rôles et nous faisons de la musique.
Ferry Heijne : Pour chaque album, nous cherchons à créer un packaging original.
Le packaging de l'album qui sort en France est plus classique.
Ferry Heijne : Oui parce que nous avons dû trouver un moyen terme entre ce que nous faisons d'ordinaire et la boîte plastique dont nous ne voulons pas.
En raison du coût ?
Ferry Heijne : Non, en raison des impératifs de distribution.
Wim ter Weele : En France, les distributeurs comme la FNAC, veulent des produits standardisés.
Vos textes sont inspirés par la littérature et la poésie. Mais comment sont composés les morceaux sur le plan musical car ils sont très riches et très variés ?
Ferry Heijne : Quand nous ne sommes pas en tournée ou lorsque nous ne travaillons pas sur un nouvel album, en ce moment nous commençons à préparer un nouvel album basé sur la poésie russe, pendant la semaine, j'élabore des bases musicales qui constituent des termes de départ que je propose aux autres membres du groupe. Nous nous réunissons environ 3 fois par mois et nous travaillons ensemble les morceaux, chacun participant à l'élaboration du morceau final. Hier, aux Bouffes du Nord, nous avons joué 3 nouveaux morceaux que nous testons donc en live.
Vous avez donc déjà des nouvelles chansons écrites ou en préparation. La sortie d'un prochain album est prévu pour quelle date et y aura-t-il une sortie en France ?
Ferry Heijne : Vraisemblablement en septembre 2006 et la sortie française dépendra bien évidemment de l'accueil de l'album qui vient de sortir et des concerts qui vont suivre. Le label Mon Slip est confiant.
Quel est votre public et quelle audience avez-vous en Hollande ?
Wim ter Weele : Ce qui est notable c'est que les personnes qui n'ont jamais assisté à un concert de rock viennent voir De Kift. Les gens aiment le rock mais n'aimant pas les endroit où on joue du rock.
De Kift n'est pas un groupe de rock ?
Wim ter Weele : Nous fonctionnons comme un groupe de rock et à la base notre musique c'est du rock.
Ferry Heijne : Notre public est un peu le miroir de notre groupe. Comme De Kift est composé de musiciens d'âges différents, notre public comprend des personnes de tous les âges. Ainsi par exemple à l'occasion de la sortie du DVD nous avons effectué une tournée en Hollande uniquement pou la jeunesse.
Wim ter Weele : C'est ce qui nous intéresse et ce que nous aimons. Ne pas jouer pour une catégorie de gens.
Quand et comment s'est produite l'opportunité de venir en France ?
Ferry Heijne : Nous avons déjà joué à plusieurs reprises en France mais nous venions sans avoir l'idée de construire quelque chose car nous venions de manière très sporadiques. Mais depuis la rencontre avec le label Mon Slip, nous sommes dans une phase de coopération pour travailler en France.
Des membres des Têtes Raides nous ont vu lors d'un concert que nous avions donné à La Maroquinerie à Paris. Christian Olivier, le chanteur, et Grégoire, le saxophoniste, sont venus nous voir et ayant apprécié le concert, ont pensé que nous pouvions faire quelque chose ensemble. L'année dernière nous avons donc joué avec les Têtes Raides à Clermont Ferrand et à Lyon. C'est à ce moment là qu'ils nous ont proposé de réaliser un album sous leur label.
Vous sortez un album en France. Pensez-vous qu'il y a un public en France pour De Kift ?
Ferry Heijne : Nous l'espérons car nous sommes connus en Hollande. Peut être pas aussi connus que les Têtes Raides en France.
Pour la promotion du disque, avez-vous une tournée de prévue en France ?
Marko Heijne :Nous reviendrons les 12, 13 et 14 mai puis en juillet pour les festivals tel que ceux de Vendôme, La Roche sur Yon. Nous sommes également en discussion pour des festivals plus importants. Nous participerons au Printemps de Bourges et peut être aux Francofolies. Nous travaillons également sur le calendrier de concerts en automne 2005 et nous sommes également déjà en préparation de dates pour 2006.
Il est très difficile de définir la musique de De Kift. En avez-vous une définition ?
Wim ter Weele : Non, pour nous c'est pareil. Il est très difficile de définir la couleur musicale de De Kift.
Ferry Heijne : C'est un mélange de musiques. Il y a l'énergie du punk rock, l'influence de la musique de fanfare, car je jouais dans une fanfare avec mon père, dans la ville où je suis né, l'influence des musiques populaires de l'Europe centrale, des musiques de films, etc…Nous faisons une sorte de mix de tout cela.
Hier, pendant le concert, vous nous avez donné une recette de cocktail….
Rire général
…qui est explosif …
Marko Heijne : L'avez-vous essayé ?
Non, parce que vous avez indiqué qu'il fallait le faire macérer dans une passoire…
Ferry Heijne : Ce n'est pas bon ?
Le problème est qu'une passoire comporte plein de trous…
Re-rire général
Ferry Heijne : Cette recette provient d'un livre de Venedikt Jerofejev, qui est un écrivain russe. Ce livre relate un voyage en train entre Moscou et Petouchki pendant lequel les voyageurs boivent beaucoup tout en devisant de sujets philosophiques (ndlr : il s'agit du livre Moscou-Petouchki traduit en France sous le titre Moscou sur vodka) Et il s'échangent notamment des recettes de cocktails dont celle que j'ai citée hier.
Lors du concert, parlant du groupe, le chanter qui joue également du clavier, Frank van den Bos, nous a dit qu'il allait nous livrer le secret de De Kift. Quel est ce secret ?
Ferry Heijne : Le secret vous l'avez entendu, il est révélé par notre musique. Hier, l'atmosphère était particulièrement chaleureuse dans ce très beau lieu que sont les Bouffes du Nord ?
Si vous deviez présenter en 3 mots votre musique à quelqu'un qui n'a jamais entendu De Kift, due diriez-vous ?
Marko Heijne : Colourfull, fanfare humour et …
Wim ter Weele : … warm rain…une pluie chaude qui tombe sur vos épaules
Ferry Heijne : Peut être la tristesse aussi.
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