Alors
que nos hanches se remettent à peine de Rooty, l’inclassable
second album de Basement Jaxx, voilà que le duo anglais
impose à nos oreills un nouveau travail d’acclimatation. Car Basement
Jaxx joue une bastard-pop singulière, empruntant ci et là au funk
de Prince ("Plug it In"), à la musique des
dance-floors, aux beats groovy de Timbaland produisant Missy Elliot
("Right there’s the spot" ; "Lucky Star")
, aux sonorités hispaniques ("Living room", "Tonight"),
et indiennes ("Benjilude" suivi de "Lucky Star").
Le ton est posé dès la première piste : inviter Lisa
Kekaula, et tout ce qu’elle impose de puissance vocale et scénique,
est déjà une entrée en matière osée, et énergisante.
Le titre s’appelle "Good Luck", on en souhaite à
tout le monde. Il semble d’ailleurs que la voix grave de la chanteuse
des Bellrays se plie mieux à l’electro-dance que dans
certains morceaux du groupe new-yorkais.
Une autre invitée phare, qui d’ailleurs porte de sa voix le titre
Kish Kash qui donne le nom à l’album,
est Siouxsie Sioux. Et l’intervention des bidouilleurs
n’est pas sans conséquence, transcendant complètement la
chanteuse qui, sur une autre planète, se lâche complètement
et nous livre un titre furax et réjouissant.
Enfin, Meshell Mdegeocello illumine de sa voix le titre "Feels
like home", comme une invitation à pénétrer son
univers. Son autre performance de l’album, la chanson "Right
there’s the spot" est tout aussi convaincante, d’autant
qu’elle porte la marque de fabrique de Basement Jaxx, avec un rythme relativement
lent mais entraînant, un refrain "chorus", une alternance dans
la vitesse de débit des paroles…
L’album de Basement Jaxx reprend un peu du schéma de Rooty. Alternant
chansons ultra-rythmées ("Good Luck", "Kish
Kash") et balades plus posées ("Tonight",
le somptueux "If I ever recover", sorti tout droit d’un
album de The Streets), l’album est complètement bancal,
mais comme toute la musique de Basement Jaxx l’est aussi, ce qui pourrait
relever du défaut chez d’autres est ici une force.
Toutefois, l’album n’atteint pas le niveau de Rooty. Un peu moins
explosif, il semble ne se baser que sur les interventions extérieures,
retirant un peu de l’ingéniosité des metteurs en scène.
On se retrouve avec des concepts chansons ennuyeuses ("Tonight")
et des invités un peu tombés là par hasard ou complaisance
(Dizzee Rascal sur "Lucky Star"). D’autres
chansons sont plus foutraques ("Supersonic"), tombant dans
l’imitation faiblarde de The Avalanches).
Mais qu’on se rassure sur le potentiel de l’album : on trouvera
bien quelques bons arrangeurs capables de remix détonnants, comme l’ont
fait les belges de 2 many Dj’s pour "Where’s your
head at ?"… |