Avec l'exposition "L'éclat des ombres", le Musée du Quai Branly propose de s'immerger dans "l’art en noir et blanc des îles Salomon"
situées dans le Pacifique Sud.
A cet effet, les commissaires Magali Mélandri, responsable de collections Océanie au Musée du quai Branly et Sandra Revolon, ethnologue,
ont réuni un florilège de deux cent oeuvres afin de montrer que leur esthétique extrêmement épurée reposant sur une dualité, l'opposition du noir et du blanc comme du mat et du brillant, correspond à une pensée magique.
En effet,
les populations de cet archipel mélanésien, au demeurant d'origines très diverses, partagent la croyance en l'interdépendance entre le monde des vivants et le royaume des ombres
peuplé d'entités invisibles
qui sont l'équivalent des dieux antiques régissant le monde, et des ancêtres défunts.
Et toute la production d'objets même les plus modestes et utilitaires comme les flotteurs de filets de pêche répondent à cette esthétique signifiante.
L'exposition débute avec la présentation des insignes et parures multifonctionnelles destinées aux hommes de haut rang.
Signe de pouvoir, nonobstant la modestie apparentes des matériaux utilisés que sont les fibres végétales et les coquillages car ceux-ci étaient, après transformation du matériau d'origine, utilisés comme monnaie, elles constituaient, de surcroît, par l'inclusion de reliques, un symbole du pouvoir surnaturel de communiquer avec les morts et des talismans de protection.
Car comme de nombreuses sociétés, celles des îles Salomon sont soumises et régies par le principe du "mana" et donc du pouvoir ambivalent de l'énergie vitale des morts.
L'intercession auprès des forces obscures est une préoccupation constante qui se décline dans tous les actes du quotidien.
Les puissances invisibles sont représentées de manière anthropomorphiques, de manière stylisée et épurée, sur les poteaux de hangars à pirogues comme dans les édifices sacrés.
Têtes aux yeux aux aguets, formés par des incrustations de nacre dans le bois foncé, et aux oreilles surdimensionnées, elles ornent la proue des embarcations pour faire office de vigie protectrice et elles figurent de manière récurrentes sur les objets funéraires.
Les Salomonais sont également de farouches guerriers dont les armes étaient soigneusement décorées et ornées de signes magiques afin de renforcer leur efficacité.
Bien d'autres pièces exceptionnelles, tel un monumentale reliquaire en forme de poisson dans le ventre duquel repose un crâne, sont à découvrir.
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