Il y a à peine un an, nous gravissions les sommets mélodiques du superbe et intense Everest. Pour filer la métaphore facile, nous n’avons toujours pas fait le tour, ni terminé l’ascension de ce sommet de pop ample et habitée. Le disque a trouvé son public, a plutôt bien marché même, et la tournée assez importante qui a suivi, superbe et émouvante, a été couronnée d’un succès amplement mérité.
Nous savions que le groupe préparait une seconde tournée, cette fois en version acoustique, dans des salles plus petites pour oublier l’effervescence d’une tournée harassante, l'électricité et les titres les plus rock. L’envie pour les Belges surtout de retrouver une certaine intimité et un contact réel avec leurs fans. Le groupe s’était déjà frotté à ce genre d’exercice en 2008 lors d’un concert notamment à l’orangerie du Botanic.
Aucune sortie d’album ne semblait prévue, ce disque est donc une belle surprise. Enregistré à la ferme du Biéreau, en Belgique les 20 et 21 octobre dernier, dans les conditions du concert, Hello Strange n’est pas un best of, plutôt une nouvelle proposition de titres déjà connus à la fois revisités et véritablement réarrangés. Pas vraiment un nouveau disque mais plutôt une nouvelle approche. Un retour en arrière sur leur carrière, une façon de prendre de l’élan avant un nouvel album annoncé normalement pour l’année prochaine. Une manière aussi de trouver du lien entre les musiciens qui auront tous participé à l’élaboration de ce disque, ce qui est une nouveauté, de redéfinir la délicatesse des contours de ces chansons sans jamais ne forcer le trait et donner du sens à leur futur commun.
Le résultat est d’abord un vibrant hommage à la puissance mélodique et émotionnelle de leurs compositions. Surtout sur celles d’Everest et de Refuge puisque les titres viennent en grande majorité de ces deux disques. Derrière chaque chanson se cache un monde d’inventivité pour faire vivre chaque mélodie, quitte à aborder sans en perdre l’âme les chansons autrement, que cela soit harmoniquement, dans le caractère ou dans le tempo (comme pour "Rorschach", "The Fog", "This Farm will end up in Fire"…).
Rien ne se perd, tout se re-crée, tout se re-transforme. On trouve ici un harmonium, là des verres, encore là un vibraphone ou un synthé Solina. Il y a la rondeur de la contrebasse et d’une section rythmique apaisée et puis des harmonies vocales qui rappelleront des souvenirs à tous ceux qui chérissent CSN&Y. On se perd, on se love dans ce son très organique, presque boisé, dans la chaleur de chaque interstice. L’intensité, la volupté dont on sait le groupe capable est ici encore décuplée. La générosité, l’humanité transparaissent dans chaque note. Combien de groupes sont capables d’atteindre de tels sommets ?
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