Les aventures de Guilhem d’Ussel, chevalier troubadour, défenseur de la veuve et de l’orphelin, ancien bandit, un repenti fidèle à son roi qui plaide pour les justes plutôt que d’arroser ses hortensias. Jean d’Aillon retrace la grande Histoire à travers les petites dans sa vaste saga des aventures de Guilhem d’Ussel. Nous sommes en 1203, c’est à Rouen que tout se joue.
Aliénor d’Aquitaine est au crépuscule de sa vie, sa splendeur rayonne dans l’empire français et britannique, seule souveraine à avoir contracté le trône d’Angleterre après avoir divorcé du trône de France, mère de huit enfants (ou presque), elle a longuement œuvré pour la paix entre les royaumes et promené sa trempe sur la poussière des croisades et le sang des trahisons.
Oui, mais voilà, tout a une fin, Aliénor est une petite vieille, et plutôt bigote. Elle s’est retirée dans un monastère, et il ne lui manque que l’ultime vue du Saint Suaire avant de passer de vie à trépas. Mission qu’elle confie donc à l’un de ses fidèles protégés, qui prend le bateau pour Saint Jean d’Acre afin d’accomplir cette toute sainte mission.
Tandis que de l’autre côté de la Méditerranée, un professionnel de la relique dévoile la recette de fabrication du Linceul sacré à un heyssessini, le roi de France Philippe Auguste (et ex d’Aliénor) condamne le roi Jean Sans Terre (le vilain de Robin des Bois qui a visiblement un problème d’affection, et fils d’Aliénor) à rendre ses domaines. Jean ne l’entend pas de cette oreille et enlève le neveu préféré de Philippe, Arthur duc de Bretagne, tout en se retirant du côté de la Normandie (comme quoi, le coin est un repaire à méchants depuis un bail).
Et ce n’est pas fini, Jean d’Aillon est un maître des nœuds d’intrigues, des situations inattendues, des alliances calculées. Il faut le connaître pour savoir que chaque personnage aura sa place dans le tableau final, à Rouen. Il faut également persévérer pour savourer l’intrigue comme il se doit. Et quelle intrigue !
Dans un univers médiéval préoccupé par son salut, la course à la relique fait rage afin d’attirer les pèlerins (et les offrandes sonnantes et trébuchantes) dans son établissement (monastère, église, cathédrale, chemin de croix, chemin de cailloux ou voie romaine sacrée…), des chevaliers au service du bien et du mal, un templier infidèle, une jeune veuve mi-laideron mi-opportuniste, un clerc spécialisé en sceaux de reliques, des mercenaires, des intérêts communs et des ambitions personnelles, tout y est pour nous offrir une véritable plongée dans notre histoire.
Jean d’Aillon a la capacité de retracer avec précision les évènements du passé, et il ne se contente pas de nous livrer une vague compilation de ses recherches, il romance, il confronte, il nous adoube, nous, simples et mortels lecteurs, personnage du passé, en décrivant avec une grande justesse (et un sacré talent) les péripéties de nos ancêtres. |