Comédie dramatique deHristo Boytchev, mise en scène de Maryan Liver, avec Julien Aulon, Emile Feltesse, Mathias Kellermann, Ludovic Lemarchand, Maryan Liver, Michaël Msihid et Sebastien Peyrucq.
Pièce d’un auteur bulgare, Hristo Boytchev, reconnu et joué dans sa nation, "Le Colonel Oiseau" a bouleversé la France, traité sur la folie et le contrôle des fous.
Dans une contrée balkanique, dépecée par quelque dément de la "Communauté internationale", un psychiatre, abandonné sans beaucoup de médicaments et sans vraie volonté de servir la société, tâche de faire ce qu’il peut, face à des patients impatients et agités.
Un colonel va mettre les pieds dans le plat, réveiller les consciences et embarquer toute cette troupe hétéroclite, mise en pas, embrigadée, enkakikée, pour aller plaider une cause perdue à Strasbourg, siège du Gouvernement européen, c’est-à-dire une cité ubuesque, indéfinie, mythique, utopique et forcément désirable, pour les fous.
La fable, grinçante, iconoclaste, moqueuse, politiquement très incorrecte, "déchire", avec des trouvailles de langage ayant résisté à l’acide de la traduction, ce qui donne une idée de la qualité du métal.
On rit, s’émeut, s’émerveille, face à une troupe excellente, homogène, et grâce à la mise en scène vive et subtile de Maryan Liver.
Parmi ces comédiens succulents, la palme revient à Mathias Kellermann, formidable disciple de Ribes, qui, avec son air lunaire, mélange de Poelvorde et de Podalydès, dérange, intellectuel fou et impuissant, irrésistible de frénésie.
Michael Msihid, le bon docteur, excellent acteur, touchant, démuni, à la diction parfaite, séduit, convainc. Sébastien Peyrucq, le colonel, évoque tant Charles Denner, qu’on croit le revoir. Ludovic Lemarchand émeut aussi, petit fou plein de bonne volonté et de drôlerie.
Julien Aulon, Maryan Liver, seule folle parmi les fous, Emile Feltesse et Nicolas Portier ne déparent pas dans cette distribution de rêve. Maryan Liver a laissé toute la part de poésie qui distingue cette œuvre d’une simple pièce politique ou absurde.
Ce spectacle maîtrisé, original, d’une grande force libératrice, revient enfin à Paris pour une courte série de représentations exceptionnelles. A ne manquer à aucun prix ! |