Lumière d’en bas, le premier album de Midget!, avait été une source intarissable de plaisir. Il faut dire que pour ceux qui aiment les disques qui sortent des sentiers battus, ce Lumière d’en bas proposait une musique étonnante, un folk enchanteur, presque en apesanteur, un précis de surréalisme musical.
Bois & Charbon est du même acabit. Plus sombre peut-être. Ce disque aurait très bien pu se nommer "Poésie onirique & Comptines chimériques". Il se passe quelque chose de magique ici. Peut-être est-ce la voix magnétique et si délicate de Claire Vailler ? Le jeu de guitare tout en subtils méandres hypnotiques de Mocke, guitariste devenu un incontournable de cette scéne française poétique et aventureuse ? Ou ces compositions, dédales de genres et de styles, pièges où se cachent douces dissonances, ghost notes, mélodies piquantes en cascades, explorations lunaires… Tout semble si fragile, si léger, et pourtant chaque note, chaque mélodie nous happe irrémédiablement. Ce disque est un lent poison qui aiguise, exalte nos sens, avec comme but, notre petite mort.
Mais Bois & Charbon est aussi un disque épineux, qui ne se donne pas au premier venu. Hanté, habité de mille personnages, il arrive à cet équilibre, incroyablement difficile à trouver, entre quelque chose de très savant, de très recherché (mélodiquement, harmoniquement (aussi bien dans la forme que dans la structure des accords) ou rythmiquement) et quelque chose de totalement immersif, facilement assimilable et se rendant rapidement addictif. Pas vraiment pop ou folk rêveur, ni jazz, ni tropicalisme psychédélique alangui, pas chanson française non plus, mais peut-être tout à la fois, Bois & Charbon est le passionnant fantasme d’une rencontre entre Honegger, Poulenc, les Beatles, Françoiz Breut et Holden, une ruée vers un ailleurs musical, une autre dimension enivrante. On lévite, on palpite, ô que ce disque est bien !
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