Avec Natas Loves You, on a affaire à un produit calibré pour plaire à un grand nombre, voire à la masse. Je n'ai jamais rien contre le fait de voir grand mais quand il s'agit de musique, il faudrait juste s'en donner les moyens pour éviter d'accoucher d'un album en demi-teinte. En l'occurrence, on sent un potentiel (des compositions plutôt bien foutues, des musiques sympathiques) mais il manque ce je-ne-sais-quoi qui aurait pu faire que ce "huitième continent" voit réellement le jour, émerge des flots. Et ce n'est pas ce refrain pompier, qui se veut fédérateur sur "Got to belong", qui me contredira.
La maison de disques a pourtant tout prévu car pour ce même titre, "Got to belong", le groupe a eu une enveloppe pour se payer le réalisateur / photographe "sulfureux" Larry Clark. On imagine la réunion de service... "Bon alors, on a le produit Natas Love You qui sort son premier album The 8th Continent, on mise gros sur ce groupe, on s'en donne les moyens, la prod est calibrée FM, la cible ce sont les ados et les jeunes adultes, plutôt Vans, skate mais on voudrait leur donner un p'tit côté fleur bleue qui aime quand même la débauche, l'alcool et un peu la drogue... On voudrait faire un clip et on a pensé à Larry Clark, ça sera trop cool et tous les journalistes vont en parler parce que Larry Clark, quoi !" Eh bien au final, même le clip est mauvais : on ne voit pas l'intérêt d'avoir ce mec derrière la caméra, si c'est pour sortir une vidéo de vacances somme toute banale !
La production dans l'air du temps, un peu seventies, un peu psyché, qui va ratisser sur les terres de Phoenix, n'apporte malheureusement pas plus de personnalité au groupe. En fait, on a juste envie de dire : "Mais bordel, on vous a bien manipulés pour en arriver là". Au moins, le chef produit de chez Cinq7 aura bien fait son boulot.
On ressort de ces écoutes un peu triste, parce que cet album aurait pu être bien meilleur, mais il n'est que pas mauvais, juste insipide, avec 11 titres pop qui se ressemblent, 11 compositions inabouties. Somme toute, un huitième continent qui se révèle n'être qu'une petite île qui va vite disparaître sous les eaux d'une production musicale abondante.
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