Opéra-bouffe d'après l'oeuvre de Jacques Offenbach, sous la direction musicale de Christophe Grapperon et dans une mise en scène de Philippe Béziat, avec avec Isabelle Druet,, David Ghilardi, Emmanuelle Goizé, Olivier Hernandez, Arnaud Marzorati, Olivier Naveau, Guillaume Paire, Antoine Philippot et François Rougier.
Comme chaque fin d'année, la Compagnie Les Brigands investit le Théâtre Athénée-Louis Jouvet avec un divertissement lyrique qui scelle le passage vers l'an neuf.
Pour cette saison, point de création mais la reprise de "La Grande Duchesse", adaptation libre assortie d'anachronismes et recontextualisations de l'opéra-bouffe "La Grande Duchesse de Gerolstein" composé par Jacques Offenbach qui, en son temps, a constitué un brûlot satirique qui, au rythme de belles variations de musique militaire, épinglait tant le militarisme ambiant que les intrigues de palais et l'incompétence des monarques régnants.
La réduction du titre rend compte du resserrement de la partition originale amputée de plus d'un tiers et réduite à une version pour neuf chanteurs et neuf musiciens qui ne ressortit pas au registre de l'opéra à grand spectacle.
En effet, la scénographie de Thibaut Fack se cantonne à quelques caisses en bois et les costumes de Elisabeth de Sauverzac sont dépourvus de toute exubérance ce qui correspond aux parti-pris de Philippe Béziat, réalisateur de documentaires pour la télévision et d'opéra filmés, qui, pour sa première mise en scène, a, par ailleurs, choisi de sortir les musiciens de la fosse pour les placer sur le plateau.
Ce qui a pour conséquence de rétrécir l'espace scénique en une étroite bande en avant-scène et de contraindre les chanteurs à un jeu frontal qui, heureusement, est largement compensé par le dynamisme rafraîchissant des chorégraphies en ligne de Jean-Marc Hoolbecq.
La qualité des interprètes est au rendez-vous. Dirigés par le toujours très démonstratif Christophe Grapperon, les musiciens participent au jeu tout en portant l'orchestration émérite de Thibault Perrine qui n'a pas sacrifié les morceaux phares qui tels "J'aime les militaires" et l'air du général "Pif paf pouf tara pa poum, je suis le général Boum" ou le récurrent "Le sabre de mon père".
Quant aux chanteurs, ils sont tous épatants et réussissent à captiver l'attention en insufflant une belle et roborative gaité.
Dans le rôle-titre, Isabelle Druet mezzo-soprano colorature consacrée Révélation lyrique des Victoires de la Musique 2010, est magistrale tant elle maîtrise les offenbachiennes pirouettes vocales et le ténor François Rougier irrésistible dans le rôle du soldat naïf et dévoué prêt à tout sauf à sacrifier l'homme de son coeur interprété par David Ghilardi.
Le trio des comploteurs campés par Arnaud Marzorati, en baron Puck aux airs de Docteur Mabuse, Antoine Philippot en Général Boum aussi obtus que sot et Olivier Hernandez en falot Prince Paul, est savoureux.
Olivier Naveau et Guillaume Paire, dans le rôle des soldats et, dans une courte apparition en baron Grog, Emmanuelle Goizé, complètent une distribution homogène qui dispense un joyeux divertissement. |