Paul Dixon est un jeune homme à la sensibilité complexe, issue de la scène londonienne. L’artiste dont les premiers faits d’armes furent repérés sur internet avec les titres "Solace" et "Saint-Tropez", a très vite séduit son public avec un équilibre musical passionné et passionnant. Fyfe, son alias pour la scène, est né de la rencontre de plusieurs influences et s’impose au confluant des genres, avec une classe sans pareil. En pleine promo avant la sortie d’un premier album, on a rencontré le jeune homme.
Tu es très souvent placé dans une mouvance RnB, pourtant tes productions sont remplies d’arrangements classiques et d’additions électroniques, comment fais-tu pour faire fonctionner tout cela en chœur ?
Fyfe : Dans la pratique, c’est surtout une conséquence de la production sur ordinateur depuis sa chambre. On peut travailler tout seul et atteindre un son très riche. Au niveau artistique, je voulais que Fyfe soit une rencontre riche, avec des textures naturelles et des rythmes hip-hop par exemple. C’est définitivement la collision de plusieurs mondes et influences, c’était un peu mon but, mais on finit toujours par s’écarter de son but à un moment donné dans le processus.
Du coup parmi tes influences, tu dois brasser assez large, j’imagine ?
Fyfe : J’ai toujours aimé le hip-hop, mais aussi les songwritters plus traditionnels comme Jeff Buckley et Elliott Smith, les guitares folks en gros. Et bien sûr les orchestres, j’ai grandi en jouant du violon et de la trompette, donc essayer d’utiliser tout cela ensemble m’a semblé parfaitement naturel.
Un parfait petit chimiste. Tu utilises beaucoup de sons organiques des cuivres, du piano, des sons qui sont plutôt boudés par les plus jeunes qui se tournent volontiers vers l’électronique.
Fyfe : C’est une de mes passions, j’adore les sons organiques. Si je les mélange avec un peu d’électronique, je vais me dire que c’est cool, mais je ne veux clairement pas faire "que" de l’électro. J’aime imaginer et espérer que si l’on retire toutes les couches de production, mes titres resteront des belles chansons. Je voulais une véritable substance.
Avec tes influences, ton approche particulière de la musique, où te places-tu par rapport à la notion de "pop music" ?
Fyfe : Je m’y perds moi-même. Si je me lance dans l’écriture d’une chanson pop, je finis toujours par trébucher sur autre chose et me retrouver avec un résultat plus posé.
Ton premier single était "Conversations", à partir de "For You" tu as mis en place une série de photos assez particulières.
Fyfe : Avec "Solace", on voyait ma nuque avec de la peinture dessus, puis le single suivant "Conversations" mon visage tourne un peu, ce qui conduit à "Saint-Tropez" sur laquelle on me voit de profil – toujours avec de la peinture sur le visage. On en est venu à une idée de fresque qui s’étalerait jusque l’album. C’est aussi un moyen de mettre de la distance entre mon véritable moi et Fyfe qui est cet homme qui s’affiche et se protège, les deux en même temps, avec de la peinture.
D’où vient le titre de ton album à paraître, "Control", sachant que tu traites énormément de sentiments, des notions qui ne sont jamais complètement sous contrôle ?
Fyfe : Mon message est repris dans la dernière chanson de l’album : "Control". Et justement, c’est surtout le manque de contrôle que je mets en avant. En amour, quand tu fais confiance à quelqu’un, tu te laisses aller et il n’y a plus de contrôle. C’est plus la notion de liberté et de confiance que je mets en avant !
Londres est défini comme "the place to be", quant à la musique, grâce à son bouillonnement de jeunes artistes et producteurs, as-tu l’impression de faire partie du même mouvement ?
Fyfe : J’essaie de ne pas y faire trop attention, je ne m’imagine pas dans ce mouvement, même si on sent bien qu’il se passe quelque chose à Londres en ce moment. J’ai tendance à protéger ma créativité en ne m’éparpillant pas autour de cette notion ou seulement en tant que consommateur de musique.
Un dernier mot à propos de ton album prévu pour le mois de mars prochain ?
Fyfe : "Solace" va ressortir en single avant l’album, il a été un peu retravaillé. L’album est prêt, on est dans l’anticipation, beaucoup d’excitation, on a aussi une tournée commençant en mars et bien sûr pas mal de festivals !
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