"I used to watch the hit parade / Contaminated everything it played / Then you came along and let me see / How to pull the tricks they pulled on me."
Liam Hayes n’est pas loin d’être un génie. Pourtant, malgré la publicité que lui a faite Roman Coppola en lui faisant faire la musique de Dans La Tête de Charles Swan III, il reste coincé dans un certain anonymat. Un anonymat qui ne semble pas lui déplaire, donnant même parfois l’impression de le cultiver : en utilisant deux noms différents (Liam Hayes ou Plush) par exemple et en parfait perfectionniste en prenant largement son temps entre chaque disque (More You Becomes You en 1998, Fed en 2002, Bright Penny en 2009, Korp Sole Roller en 2014).
Musicien culte, indéniable icône de la scène pop version Jimmy Webb, Burt Bacharach, Laura Nyro, Harry Nilsson ou Brian Wilson, son nouvel album Slurrup (écoutez le morceau d’intro pour comprendre le titre…) est un petit bijou, condensé d’espièglerie pop, de groove psychédélique et de sunshine rock made in 60’s et 70’s. Foncièrement drôle (un humour à la Zappa), excentrique, anticonformiste et iconoclaste mais absolu artisan d’une pop travaillée, hors de toute pseudo modernité ou pire revival, le musicien originaire de Chicago joue avec les formats sans se laisser aller à aucune facilité : les presque tubes "Nothing Wrong", "Long Day", "Keys To Heaven", "Fight Magic With Magic" sont délibérément dispatchés dans tout le disque.
C’est baroque, c’est parfois très beau, souvent irrévérencieux, bien moins léger que ce qu’il laisse transparaître quand on s’attarde un peu sur les paroles ("Fight Magic With Magic", "Channel 44" par exemple), ce Slurrup est un vrai plaisir. Les esprits grincheux ou chagrins trouveront ce disque trop court (13 "titres", à peine 33 minutes), trop étrange et inégal. Ils regretteront peut-être les orchestrations foisonnantes et le choix d’une instrumentation plus resserrée, plus rythmique. C’est qu’ils oublient que derrière le côté Foire du Trône et cette liberté se cache un véritable trésor pop…
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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