Extraits du journal de Etty Hillesum dits par Angélique Boulay dans une mise en scène de Mourad Berreni.
1914-1943.Ces deux dates encadrent la vie de Etty Hillesum qui a laissé un bref journal posthume relatant les trois dernières années de sa vie retrace sa quête tant existentielle que spirituelle.
Issue de l'intelligentsia juive néerlandaise libérale, étudiante émancipée et exaltée versée dans l'introspection mais également personnalité bipolaire angoissée, elle se déclare atteinte d'une "occlusion de l'âme", elle trouve en la personne du thérapeute Julius Spier, formé par Carl Gustav Jung, qu'elle nomme "S", un guide salvateur avec qui elle noue une relation d'amante et de disciple.
Dans le journal initié par celui-ci dont elle loue la "personnalité magique" qui va la conduire sur la voie d'une spiritualité universelle, Etty Hillesum a consigné ses états d'âme, parfois sinon paradoxales du moins ambigus sur l'amour, le mariage, la maternité et son tempérament érotique et ses réflexions sur le sens de la vie. Ainsi que sur les événements tragiques auxquelles elle se trouve confrontée en raison de son identité juive qui la conduiront à travailler pour le Conseil juif du camp de regroupement et de transit de Westerbork avant d'être déportée à Auschwitz.
Le florilège d'extraits sélectionnés par Mourad Berreni, qui assure également la mise en scène, et Angélique Boulay retrace ce cheminement essentiellement mystique en forme d'ode à la vie et la puissance créatrice que Dieu a déposé en chacun prônant la lutte contre les forces primitives qui obscurcissent la pensée et le coeur de l'homme, la compassion, l'amour universel et l'acceptation de l'inéluctable.
Dans ce registre périlleux, Angélique Boulay, comédienne lumineuse au jeu juste sans affectation ni ostentation, livre une belle incarnation de la transcendance et de l'extase mystique à travers une âme incandescente et un portrait vivant et sensible de l'impétueuse Etty. |