Phoenix du rock anglais, The Charlatans entame sa troisième vie en 25 ans de carrière. Une longévité caractérisée par une aptitude à survivre aux modes (Madchester, le Baggy, la Britpop) et aux morts : le clavieriste Rob Collins en 1996, puis Jon Brookes, batteur historique, en 2013.
Dédié à ce dernier, le douzième album du groupe lui rend hommage en convoquant une section rythmique qui réunit figure tutélaire et descendants du savoir-faire métronomique britannique (Stephen Morris de New Order, Pete Salisbury de The Verve et Gabriel Gurnsey de Factory Floor). De nouveaux battements qui symbolisent moins un instinct de survie qu’une incroyable capacité de résilience.
Bien décidés à déjouer le sort, ces éternels outsiders (derrière Blur, Oasis ou The Stone Roses) ont fouillé leur âme pour sublimer leur art. Une identité phonique originellement marquée (et immédiatement reconnaissable) par les attributs du regretté Collins (l’orgue Hammond, les pianos électriques Rhodes et Wurlitzer) et des influences psychédéliques, soul et rhythm 'n' blues.
C’est logiquement dans ces trois registres que Tim Burgess et sa bande ont puisé pour s’écrire un présent lumineux conjuguant avec un sombre passé. Modern Nature marque ainsi un retour (aux sources) gagnant (comme Tellin’n Stories en 1997) empreint de l’âge d’or de la musique noire américaine des années 60 et 70, Curtis Mayfield en tête, et du folk-rock californien. Une œuvre habitée donc (cordes et chœurs gospel compris), mais surtout un éloge à la quiétude dont la chaleur réchauffe le cœur et le corps.
Mid-tempo et groovy, le disque s’ouvre sur le sépulcral "Talking in Tones" avant de s’élever en apesanteur (le majestueux "So Oh", le magnétique "Come Home Baby") pour mieux toucher le ciel (la fascinante ritournelle "Emilie") et finalement décrocher les étoiles (l’extatique "Let The Good Times Be Never Ending"). Une excursion au paradis qui dispense sa leçon d’hédonisme béat aux Jagwar Ma et autres The Horrors (les conclusifs "Trouble Understanding" et "Lot To Say").
Bâti sans artifice sur le vide laissé par l’un de ses piliers, Modern Nature refonde et transcende The Charlatans que la nostalgie a rendu clairvoyant. One to another.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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