What a Terrible World, What a Beautiful World
(Rough Trade Records) janvier 2015
The Decemberists font partie de ces groupes qui n’auront sûrement jamais le succès pleinement mérité ou escompté. Peut-être parce qu’ils évoluent dans un genre musical (indie / pop / folk ; entre REM, XTC, Neil Young et Morrissey pour qui le groupe voue une véritable passion) tellement rabâché qu’il est extrêmement difficile de sortir du lot.
Peut-être parce que leur musique, sans être spécialement intellectuelle non plus, a quelque chose de foncièrement littéraire et cultivée (Colin Meloy a récemment publié plusieurs volumes de Wildwood, chroniques heroic fantasy pour enfants). Peut-être aussi parce que, il faut l’avouer, la discographie du groupe de Portland possède de grands moments (Picaresque en 2005 et surtout l’album conceptuel The Crane Wife en 2006) mais aussi des disques moins intéressants ("l’opéra" rock assez lourdingue et archi théâtralisé The Hazards Of Love en 2009 et le mitigé The King Is dead en 2011).
Poursuivant dans une veine, peut-être plus authentique, aussi bien musicalement que dans les thèmes plus généraux abordés, amorcée avec The King Is Dead il y a trois ans, The Decemberists reviennent à un certain classicisme de plus ou moins bon aloi. Si pour certains le groupe n’a sûrement plus rien à prouver (chose assez idiote car les musiciens ont toujours tout à prouver…), ce What a terrible World, What a beautiful world est beaucoup moins ambitieux que les disques précédents (et que l’on ne parle pas ici de maturité, en quoi la maturité engendrerait le manque d’ambition…) et se complait souvent dans un folk, Americana, pas forcément mauvais, assez bucolique même mais cousu de fils blancs, stéréotypé et gentiment ronflant avec presque tout les poncifs du genre : instrumental (violon, piano, harmonica, banjo), harmonique (gammes pentatoniques majeures) et rythmique. C’est le cas dans des titres comme "Anti-summersong", "Better Not Wake The Baby", "Carolina Low", "Easy Come, Easy Go", "Mistral".
Pour autant, ce What a Terrible World, What a Beautiful World possède de véritables pépites et prouve que c’est en s’éloignant des formules préétablies et en laissant s’épanouir leurs mélodies, leurs structures ("Cavalry Captain", "Lake Song", "Till The Water’s All Long Gone", "A Beginning Song") qu’ils sont de loin les plus intéressants et montrent enfin tous leurs talents. Ouf sauvé !
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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