Comédie de Marivaux, mise en scène de René Loyon, avec Cléo Ayasse-Sénia, Jacques Brücher, François Cognard, Marie Delmarès, Augustin Passard, Hugo Seksiget Natacha Steck.
Au siècle de l’Esprit. La jeune Silvia aime Arlequin, qui lui rend son tendre amour. Mais le Prince la convoite et l’a enlevée.
Comment défaire les liens sans se dévoiler ? Flaminia l’habile va séduire Arlequin, le Prince va se faire aimer en déguisant son identité. Et tout le monde de trahir et d’aimer ailleurs, en bonne conscience et en bonne intelligence.
"La Double Inconstance" de Marivaux, pièce de la légèreté française, des sentiments délicats interchangeables, des manipulations savantes de gens qui "savent faire", cette œuvre séduit autant qu’elle dérange : l’Homme aime par hasard, par défaut et ne demande que le divertissement. Où est donc l’éternel amour ? A l’instant, avec toi ou un autre si mon amour mourait…
René Loyon a imaginé un décor-piège, une trappe à coussins, pour sa mise en scène contemporaine, vive, sans machinerie autre que celle de l’esprit.
Natacha Steck incarne une Silvia indomptée, rageuse, tête à gifles, "braque", avec une fraîcheur rustique bien composée, face à un Prince charmant débordé, parfois terrorisé, Augustin Passard, aristocratique et nervalien, à souhait, tandis qu’Hugo Seksig - alias Arlequin - donne dans le lourdaud, l’épais paysan, dont l’élocution est parfois traversée par les rythmes du slam, et que Marie Delmarès, belle comédienne, impose sa piquante Flaminia, intrigante et intriguée.
Bravo à Cléo Ayasse-Sénia, Lisette, et mention spéciale à Jacques Brücher, comédien de grand métier, à l’élocution parfaite, sans oublier François Cognard, un seigneur de belle allure.
Un superbe moment de théâtre dans un lieu qui ne déçoit jamais. |