Colleen Green vient d’avoir 30 ans ! Et sa crise de la trentaine prend la forme d’un cadeau emballé dans un paquet doux-amer et rose bonbon.
Fort heureusement, la californienne n’est pas de celles à cracher de façon répétée dans la soupe et son constat s’apparente à une apologie de la trentaine. Jouant sur des rythmes positifs, typique à la Californie natale de l’artiste, l’album fait également la part belle aux privilèges accompagnant la maturation !
Paru chez Hardly Art, I Want To Grow Up est un grand point d’interrogation s’articulant autour des sentiments, de la vie adulte et de la frustration que l’on peut tirer de celle-ci. C’est également l’occasion d’aborder ce micro évènement, partiellement important et de le dédramatiser avec rigolade et désinvolture.
Du coup, pas de quoi en faire toute une affaire pour Colleen : 30 ans, c’est aussi l’occasion de reprendre le contrôle de son corps, équilibrer son rythme de vie et accessoirement virer un boy-friend un peu trop néfaste ("Things That Are Bad For Me pt . I and II").
Le tout sur un rythme faussement mélancolique et blasé, régulièrement démenti par un duo guitare/batterie désignant l’artiste comme une native des années 90’s. Portée par une écriture pointue et acerbe, Colleen confirme avec son troisième opus (le second chez Hardly Art) qu’elle maîtrise pleinement son exercice. Intercalant refrains et accroches avec un sens du timing parfait, I Want To Grow Up s’imagine comme un jubilé sonore jouissif incroyablement convaincant.
Même les balades les plus poussives ("Whatever I Want", "Deeper Than Love") intègrent le giron de l’album et participent à son apparente nonchalance, verbalisant sans aucune formalité les peurs qui habitent une majorité d’entre nous : "Will I die before ever becoming a wife ?" Avant de répondre plus loin sur le titre "TV", de façon mutine : "TV is my friend… I don’t have to worry about conversation". Glorifiant en un seul mouvement son célibat et d’ajouter en filigrane que nos relations sont de plus en plus intimes avec nos écrans et de moins en moins consistantes avec nos propres semblables.
Vous l’aurez compris, l’opus capitalise sur les sentiments ambivalents accompagnant notre lente maturation et réussit, contre toute attente, à en extérioriser une sérieuse dose de positivité. "Je veux grandir" nous affirme Colleen Green, oblitérant que sa croissance artistique, elle, est en pleine ascension !
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.