Véritable vent frais ayant violemment soufflé sur l’année 2012, Purity Ring avait justement captivé les oreilles avec une collection de singles bien senties. "Belispeak", "Obedear" et surtout "Lofticries" s’imposaient comme une collusion, sinon une évolution, plausible entres les univers des musiques hip-hop et électroniques. D’ailleurs, l’album Shrine amalgamait les influences de Corin Roddick et Megan James en un amas sonore de qualité et se construisait volontairement sur des notions asphyxiantes. Même la pochette de l’album convoquait des notions anxiogènes dans lequel le public s’enfonçait avec concupiscence.
En revanche, avec Another Eternity, le duo canadien vise de nouvelles hauteurs et encore une fois, c’est la pochette de l’album qui en est la première vitrine : Megan, allongée et en suspension face à un astre solaire sur fond rose. Vous l’aurez compris, c’est une opposition complète à celle de Shrine. Soit, mais qu’en est-il du contenu ?
Le premier constat est évident : les mélodies s’accordent un nouvel élan et gagnent de nouveaux espaces permettant d’alléger leurs productions. Et si chaque titre possède toujours une impressionnante succession de couches mélodiques, cette gimmick propre à Corin (pôle masculin du duo) est ici bien plus aérienne. De son côté, Megan et son chant deviennent bien plus intelligibles alors que ses lyrics, toujours aussi travaillés, s’avèrent bien plus accessibles.
A l’oreille, le duo qui affirmait être fan de hip-hop semble avoir véritablement sauté le pas. De fait, une sérieuse partie de l’album empruntera des chemins régulièrement foulés par des rappeurs. Avec des percussions up-tempos à l’appui et des rythmiques trap postées un peu partout en embuscade ("Dust Hymn" / "Flood on the Floor"), Purity Ring embrasse vaillamment un univers qui leur a toujours fait de l’œil. Depuis l’influence du titre "Are You That Somebody" d’Aaliyah, jusqu’au titre "Give Me U" produit pour Elijah Blake, Corin et Megan ont toujours eu plus ou moins d’interactions avec cet autre milieu artistique.
Une évolution qui se fait au détriment d’une partie de leur électro cérébrale, mais qui élève sérieusement leur potentiel dansant. De fait, Purity Ring s’acharne à provoquer des frictions entre l’électro-pop et le hip-hop et c’est grâce à la voix de Megan que le feu prend. Véritable bûcher de joie, la chanteuse se découvre des saccades syllabiques ("Don’t forget, forget" sur "Flood on the Floor") ou des vocalismes elliptiques ("Stillness in Woe") qui désignent Another Eternity comme un opus joueur.
Et si aucun titre ne s’empare jamais complètement du sex appeal mystique qui fut celui de "Lofticries", le nombre de risques pris le long de ses 10 pistes développe, écoute après écoute, un magnétisme indéniable. D’ailleurs, "Stranger Than Earth" ou même "Body Ache" alignent des refrains efficaces, les désignant comme deux productions à la force d’impact suffisante pour imprégner votre cerveau en très peu de temps.
Plus aérien, plus lisse d’apparence, mais aussi plus travaillé dans la forme, cet autre éternité n’est peut-être pas celle attendue, mais demeure une expérience agréable. Car si le groupe finit par s’écarteler lui-même entre hip-hop et électro, on ne pourra pas lui reprocher de se reposer sur ses acquis. C’est visiblement l’idée même de l’album : pour s’améliorer et avancer, il faut s’élever.
Avec la mort de Lynch, c'est un pan entier de la pop culture qui disparait, comme ça, sans crier gare. Il reste de toute façon sa discographie qui n'a pas attendu sa mort pour être essentielle. Pour le reste, voici le sommaire. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux !