J'ai bu chaque vers qu'Oxmo Puccino a méticuleusement enfilé sur son métier à motisser.

Parfois, ils nous guettent, nous taquinent, nous agacent, ces fatidiques moments de flottements en spectacle. Parfois, ils ne peuvent nous atteindre, remballant leur farandole de pensées molles. Ce soir, à la Maison Folie Beaulieu, Oxmo Puccino Trio a campé le lieu de prédilection musicale et nos attentions en nous offrant généreusement ses ox'mots.

Serait-ce cette diction, ce léger cheveu qui m’a fait me pendre à ses lèvres ? Ses mots, il les charme, dompte leur sens, leur mélodie et leur rythme puis nous hypnotise. Je n’en ai pas perdu un seul. Pour qui sont ces mots qui sifflent sur nos têtes ? Pour tous. Oxmo Puccino ne se dérobe pas sur les sujets. Il traite ceux qui nous touchent tous, les épreuves et phases clés de la vie, pointant du doigt les fléaux qu’il ne faut pas laisser enfler.

Serait-ce cette union inattendue ? Pour ce set en marge de ces galettes musicales, Oxmo Puccino s’est entouré de deux musiciens tous aussi extraordinaires qu’il l’est à la plume et la voix. Alors que Vincent Segal réinvente sans cesse le verbe du violoncelle, Edouard Ardan lui donne le change avec son énergique jeu de guitare classique. Les morceaux d’Ox, tour à tour, en sont transformés. S’il y a bien des moments qui m’ont fait perdre le fil des mots, c’est que je ne pouvais m’empêcher de regarder avec engouement les joyeuses battles que nous montraient les musiciens.

Quand le mot m’en est bon, le temps me file entre les doigts. Mais toute fin à son mot. Celui-ci d’Oxmo fut "Pas ce soir". Difficile de ne pas en vouloir plus et d’accepter le silence mais nous étions déjà emplis suffisamment de mots pour nous écrire des romans de réflexion et des odes à la joie.