Pièce écrite et mise en scène par Carlotta Clerici, avec François Chaix, Huguette Cléry, Anne Coutureau, Yvan Garouel, Isabelle Hétier, Gilles Langlois, Antoine Mor, Catherine Schaub et Antoine Tomé.
Au bord de ce lac merveilleux, un de ces endroits magnifiques dont la beauté immuable peut conduire à la contemplation passive et aux aspirations ambitieuses, ils étaient jeunes et pleins de projets. Nathalie aimait Yann qui aimait Anna qui aimait Mathieu. Certains sont partis : Anna qui pensait avoir un destin à accomplir en tant que comédienne et Mathieu qui est devenu un marchand. Les autres sont restés attachés à leur terre natale pour des petites vies ordinaires et banales même au prix de certains renoncements.
Dix ans après, ils sont de nouveau réunis pour quelques jours. Chacun, regardant celui qu'il était dix ans auparavant et se comparant aux autres, se demande s'il a fait le bon choix.
Anna, joli papillon qui s'est brûlé les ailes, s'est résignée à jouer des séries B, Mathieu est un homme d'affaires et Yann, qui a renoncé à une carrière de peintre, tient avec Nathalie, la femme de second choix qui sait attendre son heure, un hôtel qui périclite.
Rien d'extraordinaire penserez-vous. Et bien, non, c'est comme dans la vie. Et comme dans la vie, les personnages, qui sont de vrais êtres humains avec leur part d'ombre et de lumière, la mesquinerie et l'égocentrisme côtoyant parfois le désintéressement et l'amour de l'autre, vont se déchirer. Difficile d'en dire plus sans déflorer l'intrigue.
Carlotta Clerici, co-fondatrice de la Compagnie du Théâtre Vivant qui prône un "théâtre
impliquant le spectateur dans une expérience à la fois sensible, intellectuelle et spirituelle pour faire du théâtre le lieu privilégié de la connaissance de soi", a écrit une pièce admirable où l'émotion ne cède pas le pas à l'intelligence.
La langue est belle, simple, précise et la pesée des mots n'est pas néligeable. Le propos est réfléchi, riche, dense pour une pièce à tiroirs qui aborde plusieurs des thèmes essentiels de l'humain, du sens du destin individuel à la place de l'artiste, et décline plusieurs philosophies de la vie.
Sous sa direction, les comédiens, dont Anne Coutureau et Yvan Garouel qui appartiennent également à la Compagnie, qui ne jouent pas mais sont, parviennent à nous incarner dans toute notre humanité sans manichéisme ni dogmatisme.
Et il est certain que, même si vous n'en avez pas la conscience immédiate, vous ne sortirez pas de cette aventure théâtrale tel que vous êtes entrés.
"On peut aussi, à travers le théâtre, s'interroger sur le sens de la vie, sur la nature de l'homme et croire que le théâtre nous aide à être plus libre, à démêler ce qui nous angoisse, ce qui nous empêche d'avancer." in le manifeste de la Compagnie du Théâtre Vivant
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