Comédie dramatique de Fabrice Melquiot, mise en scène de Sébastien Bonnabel, avec Eric Chantelauze, Philippe de Monts, Florent Chesné, Barbara Le Toux, Marie Hennerez et Kevin Rouxel.
"Autour de ma pierre il ne fera pas nuit" est un spectacle à l'image de son titre, un peu déroutant. On y retrouve deux frères, Dan et Yvan, le rockeur et le rêveur qui profanent des tombes pour dépouiller les cadavres tout en rêvant de se carapater en Suisses.
Une nuit, "That night", tout tourne mal et commence alors un ballet surréaliste autour de la tombe de Dan. Son père, Lullaby le travelo moitié ivre depuis la perte de sa femme et qui hurle que Dieu est mort, son ex Dolores, enceinte de sept mois et qui s'habille en mariée en espérant que ça le fera "réagir",
Yvan bien sûr et sa fiancée Laurie qui ne réalisent pas trop ce qui se passe du haut de leur 16 ans. Là dessus passe Juste, le poète alsacien maudit, qui cherche des filles pour plaisanter et complète la panoplie des accidentés de la vie qui sont venus s'échouer autour de cette pierre où on ne sait plus bien qui est mort qui est vivant.
L'absurde prend le pas sur l'émotion qui devrait étreindre tout ce petit monde mais n'arrive pas à dépasser les barrières des corps et des situations. Alors quand les mots ne veulent plus rien dire ce sont les chansons de Elvis qui prennent le relais, jouées à la guitare par le musicien Renaud Castel et chantées à capella par les comédiens.
Le texte de Fabrice Melquiot aborde des sujets universels tel que le mal, la mort, la perte, le désir, sans manichéisme et croque des personnages déboussolés avec beaucoup de tendresse et d'humanité.
La mise en scène de Sébastien Bonnabel cherche à faire tomber le 4ème mur en prenant le public à partie à de nombreuses reprises, les comédiens allant et venant entre la scène et la salle. Le plateau, sans décor, est structuré par un jeu de rideaux qui crée différents espaces de jeu, permettant d'évoquer flash-back et changement d'univers de manière assez rapide.
Eric Chantelauze incarne un Lullaby juste et émouvant tandis que Florent Chesné, en Juste le poète, apporte une note humoristique et décalé fraîche. Philippe de Monts quand à lui campe un Dan trouble, auquel on a du mal à s'attacher.
Malgré son originalité, son caractère résolument vivant, musical, absurde et décalé et sa volonté d'aller chercher le spectateur, la pièce peine à émouvoir par lamise à distance des sentiments. Les intermèdes musicaux, si ils sont plaisants et participent à l'univers rock n'roll construit par la troupe, permettent aux spectateurs de prendre la tangente. |