The Air Conditioned Nightmare
(Sub Pop Records) avril 2015
Dissimulé sous une avalanche de pseudonymes, Airick Woodhead trouvait un puissant exutoire à son énergie au travers de ses divers projets musicaux. Principalement connu sous l’apparat de Doldrums, son premier opus Lesser Evil, paru en 2013, faisait la part belle aux sonorités dithyrambiques et à un chant hermaphrodite. Une expérience proprement hallucinée, dont les quelques installations vidéo allaient flirter du côté d’un univers post-apocalyptique d’inspiration Mad Maxienne. De retour en 2015 avec The Air Conditioned Nightmare, l’artiste à la gueule d’ange prouve qu’il n’a pas fini de faire hurler ses démons.
Le single "Hotfoot" est d’ailleurs un véritable coup de semence, une avant-garde quant à l’univers musical traumatisé d’Airick. Entre production pour dancefloor et divagation ésotérique survitaminée, le titre prenait la décision de joyeusement provoquer les oreilles dans une joute pétillante et surprenante qui n’est pas sans rappeler le single de son premier opus "She Is The Wave".
Mais la comparaison reste fortuite car The Air Conditioned Nightmare prend un chemin sur lequel DDS trébuchait à peine en 2013. Peut-être plus désabusé que jamais, plus sombre aussi, l’artiste persiste à travailler son ambiguïté sonique, à grand renfort de mélodies rocambolesques et désabusées.
Conjurés depuis les endroits les plus sombres de notre psyché, les sons employés par Airick intègrent avec puissance, un cadre noctambule, taillé pour des aventures surpiquées aux néons multicolores ("Loops"). Plus féroce, conduit par l’instinct mutagène du métropolitain, l’album joue la carte d’un univers cosmopolite, partout chez lui, mais profondément étranger sur son propre territoire.
Avec comme boussole son esthétique d’électro-pop ultra déviante, la voix lisse de l’artiste développe une collection d’aspérités gorgées de venin rythmiques. Parce que malgré sa forme bâtarde, The Air Conditioned Nightmare provoque avec succès les mouvements attendus dans les jambes de son auditoire. Ce n’est pas que l’album soit fondamentalement différent, mais celui-ci affirme complètement son identité brusque et solide. Comme si Doldrums avait soudainement gagné en confiance en soi. Un concept étrange quand on sait que cet opus traite avant tout d’anxiété. Soit.
# 06 octobre 2024 : Sur un malentendu ca peut marcher
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