Ground Control to Major Karen
Un concert exceptionnel pour le lancement imminent de son nouvel album. Un décollage immédiat vers son univers parallèle.
C’est dans un atelier plutôt insolite que notre capitaine de bord décide de faire escale. Tours de potier et papier végétal, le décor, pétri de créativité, est propice à faire germer les graines de son futur album. Ce soir, dans ce lieu, d’ordinaire au boulot, elle, Karen Lano apparaît, scintillante, subito, entourée de clavier, curieux fluteaux et xylo. Lui, Yann Bonicatto est à la guitare avec brio. Juste Deux. Un… Zéro ! Décollage du vaisseau. L’esprit vierge de son travail artistique, je me laisse entraîner…
Ce n’est pourtant pas tout à fait la première rencontre. Quelques mois auparavant, alors que je venais écouter Olivier Libaux (Nouvelle Vague) pour son Uncovered Queens Of the Stone Age, Karen Lano chantait à ses côtés d’une voix enveloppante et rock qui m’avait émue. Avant ça, elle n’en était pas, sous les projecteurs, à ses premiers pas. My name is hope Webster, son premier album, appuyé par le contrebassiste et producteur Daniel Yvinec, avait éclos en 2009 et été chaleureusement accueilli par la critique. Il l’avait conduit à naviguer dans le monde du jazz et faire, entre autres, la première partie de Meshell NDegeocello.
D’entrée, Karen Lano dessine habilement les contours de ses paysages, tout en nuances. Les détails sont précis jusqu’aux étranges sons qu’elle souffle et distille, ça et là, pour nous transporter entre mystère, drame et lumière. Notre vaisseau musical semble sans cesse chavirer entre temps, saisons et lieux, énigmatiques et ambigus. De sa douce voix cristalline et parfois vibrante, elle nous conte ses histoires, nous enveloppant dans une bulle de coton. Entre titres du premier album et reprise de "Heart of Glass" (Blondie), les nouveaux morceaux sont égrainés à cœur ouvert. "Eddie", aux influences pop, semble prometteur. J’ai cependant une préférence pour le titre intitulé "Willow" où l’ambiguïté est poussée jusqu’au bout de la langue et l’atmosphère égale Kate Bush.
Ground Control. C’est déjà la fin. Atterrissage réussi. Les morceaux saupoudrés sur le public laissent rêveurs et donnent envie de reprendre l’exploration. Belle surprise en avant-première.
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