Nous avions découvert Jasmine Vegas, en solo acoustique, en première partie du concert de De Kift. .
Etonnante diva psychédélique à la voix surprenante, harnachée d'un accordéon plus volumineux qu'elle, elle nous avait subjugué et emporté tous azimuts vers des horizons musicaux très variés, de la ballade celte à la chanson napolitaine.
Voici de nouveau sur scène cette auteur-compositeur-interprète, new yorkaise transfuge de l'underground américain.
Perchée sur des sandales pailletées de meneuse de revue, robe transparente, cheveux ultra courts et lunettes d'intellectuelle arty, toujours aussi fragile, accompagnée de musiciens.
Elle fait quelques bulles de savon, nous raconte l'origine de son nom, Jasmine à cause de la sainte, elle a d'ailleurs été également connue sous le nom de Sainte Jasmine, et Vegas à cause des plaines fertiles.
Quelques notes d' accordéon pour introduire une ballade à l'irlandaise ("Cannabis") qui fait pose un dôme de douceur surranée sur le Nouveau Casino.
Concert mid-tempo pour des chansons nostalgico-jazz-club que ce soit en anglais avec "Blue sky" ou en français ("Encaisse-moi", "Fou", "Je te vois") très éloigné de l'aspect un peu déjanté du personnage qu'elle nous avait laissé entrevoir.
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Mais une voix fascinante toute en émotions et couleurs .
En tête d'affiche, Adanowsky, contraction d'Adan Jodorowsky, nom qui vous rappelle sans doute quelque chose. Oui, le fameux Alexandro Jodorowsky, le monsieur au beau visage à la toison blanche qui est d'ailleurs dans la salle.
Entrée fracassante à dos d'homme de son rejeton masqué, beau mince, souriant, fine moustache d'hidalgo, en costume blanc, chemise noire, cravate blanche, chaussures bicolores et rose à la bouche qu'il lance dans le parterre de fans constitué exclusivement de jeunes filles dont la tenue prouve qu'elles n'ont pas peur des fluxions de poitrine.
Mon voisin, plus sévère et certainement plus réaliste, me souffle des qualificatifs moins galants.
Entrée musicale tout aussi fracassante avec une chanson à la gloire de sa queue de trois mètres (mon voisin semble avoir raison quant à l'intérêt desdites jeunes filles).
Et ce n'est pas fini parce "L'idole" ("Fixez-moi je vais vous entortiller avec mes pas de danse/Ecoutez cette voix vous emportera/Elle vous envoûtera") ne se ménage pas, crooner des années 50 et danseur frénétique qui fait le grand écart, vibrionne en permanence, swingue à tout va, sorte d'hybride entre Dany Brillant et Emmanuel de Brantes.
Ce qui déconcerte c'est le contraste, voire l'anachronisme, entre les textes souvent provocateurs et iconoclastes avec une thématique récurrente amour-sexe-mort, plutôt grave, et la musique sorte de mambo kitsch déjanté, rappelant les bals latinos, qui font pogoter toujours les mêmes jeunes filles.
On ne sait s'il oeuvre dans le second degré, le happening ou la grande manipulation.
Car "Fils à papa" ("Penser qu'un jour il s'en ira, quelle luxueuse terreur !/De grâce il fera de moi un colossal héritier") il colle ses parents ("Parents toxiques") et aime beaucoup beaucoup sa maman, celle qui porte une culotte à pois pompadour ("Maman t'as pas fini?") son "Etoile éternelle" et fait dans le Paolo Conte ibérique ("Estoy mal").
Mais le côté clubbing mêlé à la chaude sensualité des rythmes sud américains reprend vite le dessus, danseuse à la peau pailletée venant réveiller les fantasmes évenuellement assoupis. Rappel avec "Mambo miam miam" de Gainsbourg avant un grand final où il fait monter sur scène les minettes du parterre pour des danses très rapprochées...
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