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Théâtre de la Ville  (Paris)  avril 2015

Comédie écrite et mise en scène par Olivier Py, avec Jean-Damien Barbin, Laure Calamy, Eddie Chignara, Matthieu Dessertine, Philippe Girard, Mireille Herbstmeyer, Stéphane Leach et François Michonneau.

"Texte manifeste, systémique et programmatique. Programmatique parce qu’il parle de politique, manifeste parce qu’il parle du théâtre et du poème et systémique parce qu’il parle de tout, comme d’habitude" : ainsi Olivier Py présente-t-il "Orlando ou l'Impatience", opus créé en 2014 au Festival d'Avignon qui s'avère contenir la quintessence de ses fondamentaux.

Cette partition polysémique inscrite dans la continuité des "Illusions comiques", qu'il indique conçue non comme une autofiction mais "une biographie diffractée entre de nombreux personnages", pratique le savant mélange des genres, de la farce à la tragédie, greffés sur une trame tragi-comique shakespearienne et, surtout, claudélienne.

Orlando, jeune poète balbutiant et comédien peu inspiré, est en recherche de paternité. Moins du père biologique dont l'identité demeure inconnue, sa mère semble en cacher le secret en le guidant sur de fausses pistes, que de la figure du père spirituel sur le chemin de l'accomplisssement de soi et, davantage encore, veillant solidement en arrière-garde, en quête de transcendance.

Celle-ci prend la forme d'une épopée au long cours, entreprise d'une vie entière dans laquelle Olivier Py aborde ses thèmes récurrents que sont le rapport au père, la méta-théâtralité, le théâtre, "espace entre le rêve et la réalité", comme manière d'être au monde et lieu de la révélation, le désir de Dieu qui n'est pas incompatible avec le désir des corps, l'aspiration esthétique et l'engagement artistique.

Il en résulte, mêlés à une satire jubilatoire de l'état du théâtre contemporain, un cantique célébrant le théâtre comme sacerdoce et source de l'expérience mystique qui conduit à une épiphanie profane, une ode à la jeunesse et un hymne à la joie, dans son sens théologique, le Christ étant son incarnation, qui se développent dans une tragi-comédie flamboyante.

En la forme, le théâtre de Olivier Py, qui se moque avec autodérision de son statut de "curé du théâtre d'art", n'est pas un théâtre de la parole mais du verbe sublimé par les clairs-obscurs caravagesques de flamboyance baroque, la grandiloquence sulpicienne et l'emphase élégiaque et qui, pardoxalement, peut s'hybrider avec des instillations kitsch et de jubilatoires échappées guignolesques.

Bien évidemment, il pratique toujours un verbe logorrhéen, au demeurant assumé et revendiqué, qui est sa marque de fabrique et la durée du spectacle excède le format standard des potacheries de café-théâtre vers lesquels doivent se reconvertir ceux qui la critiquent tout en venant se l'infliger.

Le scénographe Pierre-André Weitz use de sa grammaire-signature, bois, métal et néons à la Dan Flavin, pour créer une boite à jouer avec un théâtre-tréteaux tournant placé, une architecture lumineuse qui crée un point de fuite vers ce qui est la salle vue côté coulisses et des praticables garnis de châssis tendus usités au 19ème siècle pour les décors composés de panneaux glissants, en l'espèce des sérigraphies représentant des paysages urbains.

Olivier Py assure une mise en scène virtuose et la partition, assurée pour ses intermèdes par le pianiste Stéphane Leach, est portée, dans la novation du trio truffaldien, par les jeunes pousses convaincantes que sont la pétulante Laure Calamy, François Michonneauet Matthieu Dessertine dans le rôle-titre, et par un époustouflant quatuor de comédiens aguerris, de ceux parmi les derniers à disposer de moyens tels qu'ils peuvent se dispenser de s'en servir.

Eddie Chignara, dans une composition vaudevillesque d'un ministre de la culture inculte détestant le théâtre et considérant l'art comme une imposture doublé d'un inverti masochiste, Jean-Damien Barbin, inénarrable chantre du malheur du monde et éternel bouffon, et, dans le rôle de la "grande actrice" qui s'auto-proclame "l’allégorie du théâtre éternel" et mère castratrice des velléités créatrices de son rejeton, Mireille Herbestmeyer, stupéfiante en dramaqueen variante dragqueen avec guêpière et chaussures plateforme.

Et puis Philippe Girard, fidèle compagnon de route d'Olivier Py, colosse aux yeux clairs, cheveu ras, visage émacié et parole inspirée qui sied aux avatars de la figure du père-théâtre dans ses fulgurances et ses dérives, du créateur boursouflé au metteur en scène quémandeur de suvbentions.

Sa puissance de jeu, son lyrisme dramatique et son art déclamatoire font merveille notamment pour conduire un épilogue soutenu par le souffle de la grâce qui célébre "les noces obscures de notre boue avec la vérité éternelle de l'amour".

 

MM         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
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