Ce soir, le Nouveau Casino était placé sous le signe des grosses pointures de la guitare acoustique et des gros bras tatoués. La salle était cependant moins bondée qu'à l'ordinaire, la scène vide à l'exception d'un tabouret et d'un micro, le public hétéroclite.
En première partie, Tim Scott Mc Connell.
Gilet à même la peau, bras tatoués, croix celte et prénoms, genre de Lavilliers texan aux cheveux blancs.
Il prend sa guitare et égrène quelques notes qui rappellent Narcisso Yepès.
Erreur de casting ? Non, simple intro mise en doigts qui ne laisse en rien présager la déferlante qui suivra. Un jeu une voix terriblement habitée, douce et rauque comme le whisky, une scansion parfois proche d'un rappeur qui aurait trop regardé règlement de comptes à OK coral, qui fait penser à David Eugene Edwards défroqué errant dans les bayous de "Down by law".
Il connaît sa guitare sur le bout des doigts et c'est du plaisir pour les oreilles. De l'émotion aussi. Et de l'énergie.
On l'imagine garer sa Harley de l'époque Easy Rider derrière le motel, payer une bière à Thelma et Louise et chanter au Bagdad café pour un plein d'essence.
Ballades country blues ("The only one") ou rageuses ("Devil dog") rencontrent un vif succès.
Final a cappella et même partiellement sans micro pour une harangue poignante à faire frissonner toutes les échines.
Le public ne s'y trompe pas et l'accompagnera en tapant dans les mains. Quelques minutes plus tard, sont installées sur scène 4 guitares et apparaît le colosse Bjorn Berge.
Son dernier album, St Slide, sort pour la première fois en France alors que ses deux précédents albums, ont été sacrés "Meilleur album de blues en Norvège" en 2001 et 2002.
Un physique impressionnant : tête d'enfant à la Bugs Bunny sans les oreilles, cheveu ras, boucle d'oreilles, lunettes arty signées Mikli, cou de taureau, carrure d'haltérophile et bras tatoués.
Il s'installe et prend une guitare. On pense qu'il va l'exploser.
Mais non ses mains fines volent au dessus des cordes et c'est parti pour une heure et demie de virtuosité, de maestria sonore, de maîtrise absolue pour du blues acoustique de très haute volée. Aux dernières nouvelles, 99,99% des guitaristes qui l'ont vu jouer ont cassé leur guitare et pris leur retraite. Et puis un voix à tomber par terre.
Plein d'humour, il s'amuse entre les chansons, nous raconte de petites histoires, nous parle du public belge qui venant le voir s'attendait à Michael Bolton.
Il nous annonce que normalement il joue en acoustique mais que là il va faire un peu d'électrique pour la provoc et nous présente son instrument une guitare électrique mâtinée de basse.
Au programe, on reconnaîtra "Trains", "Black Jesus" ou "Thursday", morceaux de son dernier album mais aussi des morceaux plus anciens comme "Cypres groove" ou "Sundays".
Le blues intense et rageur sait aussi se faire ludique avec la chanson sur les 15 conseils pour séduire les filles.
Il nous avait annoncé et promis une grande belle soirée. Nous l'avons eu. Dommage vous auriez dû venir ! |