Comédie dramatique de Martin Crimp, mise en scène de Rémy Barché, avec Myrtille Bordier et Tom Politano.
Si la proposition de Rémy Barché pour "La Ville" ne convaincait pas, en revanche, celle pour "Play House", n'appelle pas de réserves alors même que cette autre partition du dramaturge britannique Martin Crimp s'avère plus complexe à mettre en scène en raison tant de sa construction que de sa substance volatile.
En effet, elle est composée de treize vignettes élaborées à la manière des sketches à l'anglo-saxonne qui déclinent l'effet délétère du quotidien sur l'entité crimpienne de prédilection qu'est le couple entendu comme la réunion de deux névroses qui ne peut virer qu'au jeu de massacre, dont le texte formellement rudimentaire, destiné également à constituer une machine à jouer, implique un sous-texte maîtrisé par les interprètes.
La réussite du spectacle tient à une conjonction heureuse d'éléments : le texte français, dont Rémy Barché signe la traduction avec Adèle Chaniolleau, qui s'affranchit des idiomes et locutions qui passent mal la rampe dans leur littéralité, le choix d'un registre de jeu anti-naturaliste qui privilégie la mécanique comique, au demeurant non antinomique avec la causticité, et ce, sans verser dans le café-théâtre ni s'enferrer dans le pseudo-intellectualisme,l'immersion dans l'iconographie étasunienne pop-rock'n roll vintage des sixties et une judicieuse distribution.
En effet, il propose une immersion dans la maison de Barbie et de Ken qu'est le nouvel appartement si "cute" de Katrina et Simon, un jeune couple d'hyper-actifs dans la posture de tourtereaux, soumis au diktat du bonheur. Mais le temps, les egos et les traumas vont venir saper leur vie idyllique.
Revues à la manière d'une parodie de sitcom, les scènes de l'enfer de la vie conjugale sont brillamment dispensées par Myrtille Bordier et Tom Politano.
Sous la direction de Rémy Barché qui impose rigueur et rythme survolté, ces deux jeunes comédiens, intégrés dans la troupe des comédiens permanents de la Comédie de Reims dirigée par Ludovic Lagarde dès leur sortie en 2013 de l'Ecole régionale d'acteurs de Cannes, qui manifestent déjà une belle assurance tout en conservant encore intact le plaisir du jeu, qui devient communicatif, sont tout simplement épatants. |