Les deux poings posés sur ses hanches, cette fille a les pieds sur terre. Elle a de la gouaille, elle a de la gueule et en plus elle n'a pas froid aux yeux. Elle a un débit de paroles qui vous submerge, des mots incisifs qui vont bien, surtout là où ça fait mal.
Elle a quelque chose d'Arletty mais en blonde.
Elle me rappelle aussi Olivia Ruiz, avec ce je-ne-sais-quoi dans le regard qui vous transperce.
Elle sait interpréter une palette de personnages, tantôt petite fille malicieuse, tantôt femme fatale sexy quand elle chevauche la contrebasse de son musicos en murmurant : "Mmmh... c'est le moment que je préfère". Elle, c'est Claire Lise qui déboule d'on ne sait où, qui envahit le lieu, se l'accapare en un tour de mains et deux ou trois p'tites chansons, comme ça - hop ! - l'air de rien.
Le public est scotché et derrière le viseur c'est la fête. Parce que Claire Lise - à l'instar d'un Cali ou d'un Raphaël - pour un photographe c'est la bonne cliente, souriante, belle, généreuse, expressive. Textes au cordeau sur un tempo jazzy, le concert déroule comme ça, l'espace d'un instant. Premier rappel, "Vous êtes sûrs que vous en voulez vraiment une autre ?"
Le public en est si sûr qu'il y aura un second rappel, puis un troisième - un magistral "Au suivant" de Brel - et un quatrième enfin - "Ces petits riens" de Gainsbourg - qui finit d'achever le public du Vauban, extatique. Incroyable. Claire Lise est un personnage rare, un de ces papillons insaisissables, dont on se flatte un jour d'avoir croisé la nuit...
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