Un jour comme un autre, un matin sans doute, le soleil se lève, le sommeil a été réparateur (comme si dormir pouvait réparer quoique ce soit), la lumière remplit la chambre, le silence est partout hormis les oiseaux, mais entendre les oiseaux est toujours un bonheur, un nouveau jour commence et entre long chemin et coup de tête une décision se prend, s’impose, comme une évidence, irrévocable, mais désormais c’est comme ça. Ce matin, tout change.
Un soir, Pierre Bondu s’est couché, il a tiré la couette sur lui, s’est enfoncé dans l’oreiller et au matin, c’est Daven Keller qui s’est réveillé. Refaire sa vie, se refaire un nom pour entrer tout droit au Panthéon. Puis tout coule en évidence.
Il y eut Réaction A.
Il y eut Réaction B.
Nous voilà à Réaction C.
Parce que chaque disque est la suite du précédent, chaque disque est la réaction au précédent, si c’est rugueux c’est pas lisse.
Réaction A : disque assez peu convainquant dans son ensemble mais pourtant contenant de petits perles comme "Outre-Atlantique".
Réaction B : Disque instrumental, comme une variation sur le métronome, c’est d’ailleurs le titre des dix morceaux. Comme une obsession pour les o.s.t., pour les b.o. Nous y reviendrons, comme on dit, ou pas.
Et nous voilà à Réaction C. Et voilà donc ma réaction à cette réaction. La troisième, pas ma troisième réaction mais ma réaction à cette troisième réaction.
Ouvrir un disque avec un morceau qui s’appelle "Merci La Vie" alors que tout le monde sait que la vie est si triste, c’est franchement faire preuve soit de foutage de gueule, soit d’un optimiste démesurément naïf et en plus il y a des enfants qui chantent...
Là, vous vous dites : "Ah, c’est les Choristes ?".
Un peu de sérieux s’il vous plaît, vous n’y êtes pas du tout.
Le texte, parfait, une litanie évoquant ce qui est doux dans la vie et aussi ce qui pique. Comme le wasabi des sushi, c’est fort ça pique, mais on en reprend quand même parce que c’est bon quand ça pique, ou comme dirait Miossec, Merci pour les nerfs, "Merci pour la joie". Merci pour tout et son contraire. Merci. Pas merci.
Cette douceur piquante, ce mélange des genres, c’est ce qui résume bien ce disque de Pierre Keller, pardon de Daven Bondu. Un mélange impeccable de l’électro de Daven Keller et le retour de l’écriture de Pierre Bondu. C’est-à-dire que ce n’est pas juste des ritournelles Electro ("Easy"), non les chansons se tiennent, avec des arrangements toujours subtils, avec beaucoup de sens, même si c’est juste un jeu sur un mot, et jamais une "Cigarette" n’a été autant une ode, une tentation à des plaisirs licencieux, les textes ne sont pas juste du chalala amour / toujours, je m’en fiche je fais du boum boum électro non c’est juste tout le contraire ; ce sont des textes et des arrangements travaillés, un mélange de légèreté et de profondeur, avec parfois, "Kamikaze", un petite obsession Moriconnienne (comme il était déjà question dans Jean Douchet ou l'art d'aimer. Il ne faut pas oublier que initiale D/K, ou quel que soit son nom, écrit aussi des bandes originales, ce qui explique ce sens de la précision, de la musique qui souligne sans exagérer.
Ecouter ce disque, c’est se coucher et se dire que demain matin on se lèvera différent. Pourtant, qu’avons-nous compris ? Je ne sais pas. C’est à l’auditeur, à vous, à moi, de décider du sens qu’il veut prendre, de tromper la mort, de quoi parle "Slogan" ? Réelle / irréelle ? Avions-nous peur de l’après avant ? (Je pense que je pourrais faire sept chroniques et demi sur le texte de cette chanson).
De quoi est-il question dans "Reverse" ? Je ne sais pas vraiment non plus, je l’ai écouté à l’envers (true story) me disant qu’il devait y avoir un sens caché et que vu que la chanson s’appelle "Reverse" l’écouter à l’envers ça se tient. Résumé de l’expérience : c’est bizarre mais ça passe, je crois avoir compris quelques mots mais je ne suis pas certain. Dans le doute, je réécouterai encore dans un sens puis dans l’autre, ou même les deux en même temps. Ou alors j’écouterai une ode à la "Bossa nova", et puis des chouhadihap, parce que je sais que je suis "Hors du commun" ou peut-être les chansons avec la douce voix de Charlotte Raffi, notamment la superbe "Eternel Ephémère", ou peut-être un tube apocalyptique, en tout cas j’écouterai ce disque encore et encore.
Allons-nous coucher parce que désormais, je sais qu’en nous réveillant demain matin, nous serons meilleur, et que le disque de Daven Keller nous aide à être meilleur...
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.