Il
était une fois en 2001 un groupe sorti de nulle part : The Strokes,
avec un chef d’œuvre sous le bras, Is This It ?
, truffé d’hymnes imparables ("Modern Age",
"New York City Cops" ou encore "Take It Or Leave
It") : la hype d’alors fut plus incroyable encore que lors de
l’éclosion d’Oasis en 1994. Le revival rock’n
roll n’en était alors qu’à sa genèse, le look,
l’attitude, tout semblait encore si frais, si ce n’est la musique
évidemment pour qui connaît ses classiques punk NYC 77’ 78’
– Television, Blondie, Heartbreakers … –.
Repoussée suite à l’annulation aux Inrocks en novembre
2001, la première apparition parisienne du groupe new-yorkais a finalement
lieu le 18 mars 2002 à la Mutualité, son énorme, look impeccable
mais jeu de scène désespérément inexistant. Frustration
confirmée quelques mois plus tard à Leeds – avec un Julian
Casablancas cloué sur sa chaise pour cause de jambe de bois
– malgré quelques inédits alors encourageants. Voilà
à quoi ressemblaient les Strokes de la grande époque, de gentils
garçons arborant une "I’m Straight" attitude, un premier
disque énorme, des concerts sold out mais des musiciens, un peu trop
dans le rang, désespérant statiques sur scène.
Et puis les Stokes ont continué à tourner. Longtemps. Très
longtemps. Jusqu’à visiblement complètement perdre leurs
repères et accoucher d’un deuxième album mou du genou au
possible, Room On Fire.
En effet, au moment où le groupe a enfin grandi, avouant quelques soirées
de bitures et de légères addictions, voici que sort cet album
raté qui plus est à la pochette hideuse. Curieux avait tout d’abord
été le rapprochement envisagé avec Nigel Godrich au
final mort dans l’œuf au profit du Gordon Raphael ayant
déjà sévi sur le premier effort. Pourtant seule une désagréable
impression de gueule de bois se dégage de cet incompréhensible
résultat : des compositions d’une faiblesse surprenante, une production
digne d’un mauvais groupe débutant surtout au niveau de la voix
bourrée d’effets du plus mauvais … effet.
Tout porte donc à croire que Is This It ? n’était qu’un
feu de paille sans lendemain. En deux ans, Julian Casablancas aura été
incapable ne serait-ce que d’approcher le niveau des compositions du premier
album, il est vrai peaufinées depuis l’adolescence.
Les Strokes ont été les catalyseurs de la vague des groupes en
‘The’, ils viennent d’en signer l’arrêt de mort
officiel. A eux seuls revenait le droit de décider de la suite à
donner au mouvement.
Nous en resterons donc là.
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