Réalisé par Israel Horovitz. Etats-Unis/France. Comédie. 1h42 (Sortie le 1 mai 2015). Avec Kevin Kline, Maggie Smith, Kristin Scott Thomas, Dominique Pinon, Noémie Lvovsky, Stéphane Freiss, Stéphane De Groodt et Christian Rauth.
Israël Horovitz est loin d'être un inconnu pour les amateurs de théâtre. Récemment, ils ont pu voir au Petit Hébertot "Opus Coeur", une adaptation française d'une de ses dernières pièces.
"My Old Lady", qu'il porte ici lui-même à l'écran, a été jouée il y a quelques années en France sous le titre de "Très chère Mathilde". C'était Line Renaud qui jouait le rôle principal.
À 75 ans, pour ses débuts derrière la caméra, Israël Horovitz s'appuie donc sur un scénario solide et une distribution de rêve, avec en tête d'affiche Maggie Smith. Dame Maggie Smith devrait-on écrire, puisqu'elle a été anoblie par Elizabeth II.
Dans son film, Horovitz confronte cet admirable monument britannique avec une autre vieille dame très digne, qu'il connaît parfaitement et pour qui il a les yeux de Chimène : la ville de Paris. Maggie Smith, alias Mathilde Girard, habite un vieil hôtel particulier dans le Marais.
A la mort de son père, Kevin Kline, écrivain new-yorkais en plein doute, hérite de cette maison d'un grand charme, qu'Horovitz va filmer sous toutes les coutures. Ce qu'il ignore, c'est un vieux mot français, lourd de sens, et qui sonne comme un cadeau empoisonné pour un homme fauché qui comptait bien réaliser cet héritage pour se refaire : "viager".
Comme dans le film du même nom de Pierre Tchernia où Michel Serrault finissait centenaire, Kevin Kline comprend que Maggie Smith, et c'est tant mieux pour ses admirateurs, est increvable. S'en suit une situation de comédie alliant humour et émotion, une intrigue bien goupillée par ce grand faiseur qu'est Horovitz et qu'il a manifestement du plaisir à passer de la scène à l'écran.
On aimera ainsi sa manière de montrer Paris en ne se privant pas de certains clichés tout en prouvant sa complicité avec la ville et ses habitants. On lui saura gré d'avoir donné à Dominique Pinon un très joli rôle d'agent immobilier vivant sur sa péniche, d'avoir transformé Noémie Lvosky en une doctoresse sympathique.
Sans chercher à tout prix à "aérer" sa pièce, il la fait vivre dans la belle lumière d'une maison disposant d'un beau jardin en plein Paris.
Plus subtil qu'il n'y paraît, "My Old Lady" d'Israël Horovitz n'utilise pas de "grosses ficelles". La musique de Mark Orton, par exemple, joue délicatement du côté parisien du film par quelques petites touches d'accordéon pas vraiment appuyées, et contribue à insuffler à l'ensemble son ton agréablement nostalgique. Que Monsieur Allen Woody ne le prenne pas mal, mais le film de son collègue new-yorkais est à mille coudées au-dessus de ses tentatives parisiennes, "Tout le monde dit I love you" et "Minuit à Paris".
"My Old Lady" d'Israël Horovitz est un divertissement de belle facture avec des comédiens qui touchent le spectateur sans se sentir obligés d'en faire des tonnes.
Il faut vite aller voir comment Kevin Kline est à la fois apprivoisé par Paris et par Maggie car, en cette période pré-cannoise, cette comédie permet de prendre un peu de bon temps cinématographique avant l'arrivée des évitables chefs d'oeuvre du Festival qui vont submerger les salles d'ennui.
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