Le début fait wipouwouipe-wipouwouipouwouipe… Il ne faut pas toucher le disque qui tourne, les enfants ! Ils ne sont plus des enfants depuis un certain temps, les quatre compères de MP1point2, mais ils s’amusent toujours autant, après 10 ans de routes et de concerts, d’échanges et de sueur en scène, voilà leur album : Les 400 coups.
Au piano, aux platines, aux rythmiques et au disque rayé, la voix saccadée des rappeurs hip-hopeurs avides d’évidences… mais non, il n’y a que le ton qui ressemble, le contenu et l’alliance des instruments donnent une idée de la complicité qui règne entre les concepteurs. La musique reste un jeu pour eux. Et les textes aussi, caser "hakuna matata" et "kouroustachstach" dans un album qui ne serait pas exclusivement destiné aux préadolescents (ou aux vieux pas encore mûrs) est un coup de génie, et montre la réelle intelligence des paroles.
Ici, les textes sont pensés et chantés en parfaite égalité avec la musique, la voix des chanteurs est un instrument de plus que piano-batterie-électro-trompette, il faut tendre l’oreille (ou chercher à les imiter) pour entendre le sens des textes. Et ils sont en lien direct avec l’enfant qu’ils tiennent encore par la main, celui qui fait les 400 coups.
Des sons colorés et entraînants, des mélodies accrocheuses, énergique, sensible, turbulent et attachant, l’album de MP1point2 est à l’image de ces élèves qui marquent par leur incapacité à tenir en place plus de deux secondes, leur sens de l’humour en toute situation et leur joie de vivre communicative, un rare délice.
Les thèmes abordés sont une élogieuse critique de la société, notre société, celle qui va vite, qui nous pousse à posséder pour la possession, celle qui privilégie l’éphémère et le futile au détriment du nécessaire et de la pérennité des espèces. Là non plus, le discours n’est pas nouveau, il n’a rien d’avant-gardiste, mais ça nous change un peu des phrases toutes faites et des "je t’aime moi non plus".
MP1point2 fait le constat de la lâcheté occidentale : "Vouloir se construire, en reniant ses racines / S’insurger en privé, mais en public, rien en dire" ("On marche sur la tête"), baignée par les slogans empruntés à la toute droite et ravivés par tous : "Dehors c'est le bordel, l’actu active les dépressions humaines / Surinformé, on s’intéresse qu’à l’informel / On s'en sort comme on peut, quand la peur nous ensorcelle" ("En marche"), et la fainéantise qui nous envahit : "Les tablettes d’abdos et celles du chocolat" / "Le beurre et la crémière" / "Réduire les inégalités mais moins de profs dans les écoles" ("Tout et son contraire").
Ils chantent malgré tout l’optimisme, la collecte de bouffées d’air : "La musique adoucit les galères, les gars, les grands-mères" ("Une bouffée d’air"), "Préservons notre richesse la diversité / Des cultures, des espèces, sans les éradiquer" ("En marche").
Sous ses airs dissipés, MP1point2 chante l’espoir. Il est prouvé que la vie est dégueulasse, injuste et mauvaise conseillère, oui mais on peut changer les choses, et pas besoin de grandes destinées pour ça, il suffit juste de se pencher un peu sur son quotidien, de sourire un peu plus et un peu mieux, et de se laisser porter par le flow du "Hip-hop" : "C’est pour les gue-dins, c’est pour les gamins, c’est pour les diggers, dégainez les mains".
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.