Pour cette nouvelle édition du festival Art Rock, Saint-Brieuc se pare des couleurs de Jean-Charles De Castelbajac. Cet événement est surtout l’occasion pour cette ville moyenne de province, de montrer un autre visage que celui d’un gros bourg cité-dortoir. Au cours de ses trois jours, les festivaliers ont pu profiter des différents concerts de la programmation, des expositions, mais aussi performances et spectacles articulés autour de la mode. L’autre intérêt et non des moindres, c’est la qualité de la programmation du festival off dans les bars incontournables de la ville.
Mention spéciale à Alban Fonteney, disquaire et DJ bien connu des Briochins, infatigable organisateur de concerts dans la cité bretonne. Cette année encore, il a vu juste en programmant Le Mammooth, Lady Jane, Smooth Motion, le post–rock de Red Forest ou encore les shoegazers parisiens de Venera 4. D’ailleurs, les amateurs de découvertes musicales ont été nombreux à se masser place haute du Chai tout au long de ce grand week-end festif.
Vendredi après-midi, c’est un artiste du cru, Camadule Gredin, qui a lancé les hostilités au forum de la Passerelle. Il nous a fait plonger dans les bas fonds de son monde imaginaire peuplé de rades glauques où le whisky coule à flot et où les mégots s’entassent dans le cendrier. On y croise les histoires improbables de personnages qui le sont tout autant. Accompagnés de ses camarades, Le Gredin mâtine ses histoires de blues sombre et de moments rock’n roll furibards. Cela ne pouvait pas mieux commencer.
Direction la grande scène pour la soirée la plus rock à Poulain Corbion. Malgré toute l’énergie déployée, la jeune chanteuse Izia n’a pas réussi à réconcilier ses morceaux plus anciens et plus rock avec son récent virage plus pop et surtout son chant en français.
Bonne surprise que les Marseillais de Kid Francescoli et leur electro-pop raffinée qui ont fait se déhancher les plus téméraires ayant fait le déplacement jusqu’à la nouvelle scène B. Malheureusement les gens ont vite déserté les rangs pour se diriger au concert de The Dø, qui a confirmé tout le bien que l’on pensait d’eux.
Qu’attendre de Placebo en 2015 ? Rien ou pas grand chose. La légende circule que si la bande à Brian entend un morceau de Phil Collins avant un concert, ils refusent de jouer. On n’en aurait nullement tenu rigueur au DJ des inter-plateaux d’en passer un, tant le groupe partage plus qu’il ne pense avec l’ancien batteur de Genesis : Brian et ses sbires ont rejoint le club des fonctionnaires du rock : ça sent la routine, les amplis blancs qui sentent le neuf, le violon électronique et la belle collection de guitares qui va avec.
Comme chaque soir, on termine au forum de la Passerelle avec les Américains de Wand. Toute fuzz dehors les Californiens s’imposent comme une valeur sûre de la scène garage actuelle.
Samedi, on délaissera la hype Christine And The Queens pour aller voir Grand Blanc. Le groupe metzin confirme sa maîtrise des ambiances froides et claustrophobes, un peu comme si Joy Division avait fait un split avec Alain Bashung.
On change complètement d’univers le temps du concert d’Isaac Delusion et de sa pop tantôt atmosphérique tantôt syncopée. Une des autres bonnes surprises de cette soirée.
Dimanche, on n’a pas traîné scène Poulain Corbion : Shela Sue et Ky Mani Marley n’ont fait que confirmer mon aversion ad-vitam pour les dreadlocks et les sarouels.
Suite à un pari stupide, je me retrouve à attendre l’arrivée sur scène de Shaka Ponk. Bizarrement, une intro à base de riffs lourds et limites plaisants me font me demander si, au final, ce groupe n’était pas meilleur que dans mes souvenirs… Mes doutes furent rapidement levés. Dans ses rêves, Shaka Ponk aimerait sonner comme Living Colour ou Prodigy. Malheureusement pour nos oreilles, Shaka Ponk n’est qu’un énième groupe français qui tente de copier ses illustres aînés sans y arriver. Mais cela plaît.
Il est grand temps de se diriger vers la dernière soirée du forum de la Passerelle d’où diffuse la pop synthétique et sensuelle de Perez.
L’on attendait beaucoup de la prestation de Shamir, remarqué par un EP où se télescopent magnifiquement RN’B, Soul et Pop. Sur les premiers morceaux on est conquis par le groove et la voix sublime du jeune américain. Mais peu à peu son set a glissé vers un RN’B un peu mielleux. Heureusement, la fin du concert a ravivé nos envies de se dandiner frénétiquement
Le guitariste des formidables Melody’s Echo Chamber mis en son par le Tame Impala en chef Kevin Parker. Sur le papier ce casting ne pouvait laisser présager que de belles choses. L’univers onirique et féérique de Moodoid sentait plus le marchand de sable que le dance-floor. La soirée s’est donc éternisée à la Chapelle Lamennais aux sons groovy de Lamar Shedd et Julien Tiné. |