"Thé, café ou chocolat ?" Cette invitation gourmande d'introduction ou de complètement d'un moment de convivialité entre proches et hôtes est devenue une formule aussi incontournable que banale.
Le Musée Cognacq-Jay propose d'en découvrir l'origine, qui remonte au 18ème siècle, avec l'exposition intitulée "Thé, café ou chocolat ? L'essor des boissons exotiques au 18ème siècle".
La commissaire Rose-Marie Herda-Mousseaux, conservateur du patrimoine et directrice du musée, a puisé dans le fonds de ce dernier, détenteur d'une collection d'œuvres et d'objets d'art de ce siècle, et dans celui notamment de la Manufacture de Sèvres
pour concevoir un délicieux parcours thématique.
Thé, café et chocolat, de l'officine à la table
Se déroulant dans trois petits salons du musée conservés dans leur "jus", cette exposition-boudoir se développe dans le cadre d'une immersion dans l'histoire du goût au 18ème siècle et s'articule autour des deux pôles que constituent l'art de vivre et les arts de la table.
Au siècle des Lumières, se développe la consommation de boissons issues de denrées "exotiques" introduites en Europe au 17ème siècle.
Initialement consommées pour leurs vertus médicinales alléguées, elles quittent l'officine des apothicaires et l'armoire à remèdes pour s'installer sur la table et s'insérer dans la liste des novations de l'époque tant en ce qui concerne l'évolution de la cuisine et des habitudes alimentaires que les rituels de convivialité qui s'enrichissent des repas de société.
De manière illustrée par des peintures et des gravures, l'exposition met en exergue ce qui fut, à l'origine, une pratique élitaire des cours européennes.
Elle a suscité un phénomène de mode et les nouvelles pratiques , tel le thé au jardin ou le goûter chocolaté, se sont imposées dans les classes aisées de l'aristocratie et de la grande bourgeoisie, avant de se démocratiser avec l'ouverture de lieux de consommation publique.
Concomitamment, ces sociabilités nouvelles ont impacté les arts décoratifs en suscitant la confection d'un mobilier dédié et la création d'une vaisselle appropriée impliquant l'élaboration d'un répertoire de forme pour les nouveaux contenants que sont cafetière, théière et chocolatière.
Les sollicitations
innovantes, telle, par exemple, la tasse avec anse et soucoupe, permettent l'émergence de la porcelaine tendre produite par la Manufacture de Sèvres, chargée d'élaborer des pièces de prestige et de vaisselle d'apparat.
Sont également présentées des pièces de belle facture réalisées par des porcelainiers parisiens, dont les premiers services pour boissons chaudes nommés "cabarets", tel celui décoré en grisaille de portraits des membres de la famille royale et les manufactures de l’Est de la France qui travaillent la faïence.
Tous appliquent le vocabulaire ornemental de l'époque - l'inspiration antiquisante avec la grisaille, la veine florale et la chinoiserie - auquel s'ajoute la vogue du service doré et du service "à vues" (Cabaret chinois de Louis VXI et Cabaret à décor d'instruments aratoires)
Guidée par un grand souci didactique, matérialisé par les commentaires détaillés d'oeuvres et des visuels en haute définition,
cette promenade dans les rituels de civilité propose également aux gourmands plusieurs recettes de l’époque mises au goût du jour. |