Travail de la classe des élèves de 2ème année sur la pièce éponyme de Maxime Gorki dirigé par Nadia Strancar, avec Alice Berger, Emmanuel Besnault, Candice Bouchet, Margaux Chatelier, Bertrand de Roffignac, Julien Frison, Loulou Hanssen, Maxime Le Gac Olanié, Loïc Mobihan, Raphaël Naasz, Simon Rembado, Roxanne Roux, Charles Van De Vyver, Maria Alberta Bajma Riva, Colleen Cameron et Maria Carolina Pinheiro Amaral.
Le piano, les chandeliers, le salon de jardin, le sol de tapis et la balançoire dans le jardin signifié par quelques feuilles à terre, voici la Russie fin de siècle chez les familles Bardine et Krobotov.
Mais ce ne sont pas les familles de la petite noblesse pétrifiées de Tchekhov mais celles industrieuses que Maxime Gorki confronte au socialisme en marche dans "Les Ennemis", une pièce tardive et rétrospective écrite en 1932, dans laquelle le "va-nu-pied" autodidacte devenu membre de la nomenklatura soviétique, revient sur la situation pré-révolutionnaire.
Le choc résultant de l'émergence d'une nouvelle classe, le prolétariat, liée aux débuts de l'industrialisation qui rompt l'équilibre ancestral de la société tsariste d'essence féodale est mis en scène de manière didactique et militante à partir d'une situation conflictuelle dans le monde du travail. Les ouvriers d'une usine menacent de faire grève si un contremaître n'est pas licencié.
L'un des directeurs, riche propriétaire foncier fort de sa conviction que "le paysan a un respect inné pour le noble" et patron paternaliste, accéderait à leur demande pour s'assurer la paix sociale. Pour le second, un marchand autocrate, il s'agit d'une question de principe : le patron ne doit jamais céder aux injonctions ouvrières et rétorque par la négative en menaçant de fermer l'usine.
Tué par un ouvrier, sa mort plonge les camps adverses dans une impasse qui mettra le feu aux poudres que Gorki développe avec un didactisme orienté, prônant la suppression du patronat, qui n'a qu'une alternative se rendre ou être anéanti, tout en annonçant la manipulation des masses aux noms des lendemains qui chantent et leur instrumentalisation à des fins personnelles par les paysans roublards et les "enfants du peuple" devenus de petits employés qui intègreront la nomenklatura soviétique.
Quant aux familles, elles implosent sous le coup de dissensions profondes entre idéalistes, pragmatiques et attentistes qui illustrent les différentes attitudes suscitées par les bouleversements sociopolitiques qui s'annoncent.
Dans une salle configurée ne bi-frontal, la mise en scène traversante de Nada Strancar est efficace notamment par sa maîtrise des déplacements qui sont quasiment chorégraphiés et, comme à son habitude, assure une rigoureuse direction d'acteur.
Même si la qualité d'interprétation n'est pas homogène, la judicieuse distribution pour les rôles principaux permet de distinguer des élèves sur lesquels, par leur stature, leur timbre de voix, la technique dont ils font déjà preuve et leur concentration, peuvent se fonder de beaux espoirs.
Tel est le cas pour Emmanuel Besnault (le "bon" patron), Maxime Le Gac Olanié et Candice Bouchet (les autocrates), Rapahaël Naasz (le magistrat), Roxane Roux (l'actrice) et LoÏc Morbihan (le comptable). |