Un auteur récompensé de prix littéraires qui mérite sa place en tête de gondole. Didier van Cauwelaert semble à première vue avoir un nom imprononçable. Mais quelle importance, la vingtaine de romans de sa patte, couronnés d’un Goncourt ou d’un prix Femina, il y en a pour tous les goûts.
Nous voilà en présence de Jules, son nouveau roman. Auquel j’attribue d’office le prix du roman de l’été. Oui, carrément. Rien que par sa couverture. Un labrador chocolat chaussé d’une chaussure de femme. Je vous présente Jules. Le roman est exactement à l’image de cette première de couverture : trop mignon.
D’un côté : Zibal, un tendre triste homme esseulé, largué par une femme cupide qui lui a pris tout ce qu’il avait (y compris le brevet de sa super idée). Il est actuellement vendeur de macarons ambulant et sait savourer ses jours simples et son avenir sans lendemain. Il y a du bonheur dans la simplicité. Son hobby préféré est d’expérimenter un système de communication entre bactéries du yaourt. Tout un programme.
De l’autre : Alice, une douce traumatisée aveugle, lesbienne et pressée. Elle est actuellement la voix de la radio, et tente une opération inédite pour recouvrer la vue.
Et le lien entre ces deux nigauds est Jules, le chien d’Alice. Parce que les humains sont sacrément dadais quand il s’agit de parler avec le cœur. Et ce n’est pas parce qu’ils n’en ont pas. Bien au contraire. Zibal et Alice se cherchent et heureusement que Jules s’en mêle, parce que ces deux là n’ont pas fini de ne pas se trouver sans lui.
Jules, un nom humain pour un chien, c’est étrange mais pas inapproprié. Quand Alice recouvre la vue, il boude, comme un grand frère à qui on présente une petite sœur. Quand il retrouve Zibal, il saute à la dingo, comme un enfant le jour de Noël.
C’est là que le roman passe de la prévisible romance à la drôlerie la plus savoureuse. Jules semble avoir plus de bon sens que ces humains en ébullition. A se demander s’il le fait exprès pour dérider son public. Il possède un altruisme que lui envieraient la plupart des hominidés de cette planète. Il pense aux autres avant de se pencher sur son malheur.
Parce qu’il a de quoi être triste Jules. Un chien d’aveugle avec une voyante ne sert plus à rien. Inutile. Et à la place de se lamenter sur le minable de son existence, il redresse la tête, hume l’air et file aider son prochain. Sans rien demander en retour.
Une jolie plume, agréable et fluide. Une histoire croustillante et savoureuse. Avec du sucre pétillant et des pépites de chocolat. Un livre qui rend heureux. Tout à fait. C’est beau et drôle. Encore. A lire sur la plage à l’ombre d’un cocotier en fleur. Impérativement. |