Il est parfois difficile d'écrire sur un album. Pas parce qu'il est mauvais - la nature humaine est ainsi faite qu'il nous est très facile de démolir le travail des autres (je ne comprends toujours pas en quoi ce trait de caractère est utile à l'espèce) - ni parce qu'il est plat, trop lisse, ou bloqué dans cet entre-deux ni bon ni mauvais. Non. C'est plus un problème de réception que d'émission. Disons même de transmission puisqu'il est bien reçu mais... Mais quoi ? Je ne sais pas. C'est ce qu'il m'arrive avec Flux, le deuxième disque des canadiens de Close Talker. Jusqu'à ce moment, inattendu, où je reçois une bien triste nouvelle alors que j'appuie sur le bouton...
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Magnifique ouverture. L'image semble sortir du brouillard, un flou qui devient net, de plus en plus. On est porté par les coups de batterie au milieu d'un océan de synthés et de guitares aériennes, jusqu'au calme. Le chant vient nous parler, tout proche, murmure, tension qui monte pour finir sous la lumière, presque aveuglante, d'un soleil qui vient cramer la pellicule. On fend les brumes folks, debout sur la proue de ce brise-glace aux allures de bateau-rock que rien n'effraie, ni les vagues froides, ni les courants chauds, ni les monstres que l'on devine à peine.
Un improbable sax semble monter du bout de la terre, chant des sirènes d'un autre temps qui vient pourtant résonner magnifiquement dans le son si actuel de "Blurring Days", et l'on file vers le soleil, à la conquête de l'inconnu, traversant des mers de silence.
Une sensation de douce chaleur, comme une présence amicale et connue, esprit ou fantôme bienveillant, nous accompagne tout au long de cette odyssée, nous laissant l'impression de ne jamais être perdu au milieu d'un territoire sans repères. "Slow weather" nous dépose sur une rive cotonneuse ; fin de route ? Début d'une rêverie qui naît dans le silence d'un dernier accord.
[] Stop
Ce n'est pas une révolution, c'est une belle exploration dans la continuité de la précédente expédition de l'équipage de Saskatoon. Ce groupe d'indie-pop trace sa route sans se soucier des écueils même si le risque est parfois un peu trop bien calculé. Et la réussite est au rendez-vous, logiquement.
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