Un délice ! Qu’ils disent sur la couverture… J’aurai plutôt utilisé ce qualificatif pour un irraisonnable coin de chocolat. Goûtons de ce mets couleur omelette. Et Miam sera mon dernier mot. Evidemment.
Mais commençons par le début du commencement. Sarah Vaughan est journaliste pas à la retraite du tout, elle a simplement conjugué deux passions dans son premier roman que voilà : La meilleure d’entre nous. Cuisine et journalisme. Rien à voir avec l’agencement de meuble (bien) pensé qui coûte un bras (voire deux, même chez les danois), ni avec la feuille salissante prédisant la fin du monde à sa une quotidienne.
Sarah Vaughan obtient un mélange onctueux et sans grumeaux de recettes de cuisine et de romance culinaire. Vous le lirez certainement ailleurs, mais si ce roman ne vous donne pas faim, il vous donnera envie de cuisiner et d’innover, voire de revisiter et d’associer d’anciens plats. Un genre de top-Master-Chef en bouquin. Sans les commentaires dans les toilettes ("oh zut, il m’a piqué mon rayon de frigo"… "Mais il se prend pour qui celui là avec son taboulé au concombre ?"… "J’ai confondu la levure avec la bière, c’est ce qui m’a valu la victoire !"). Et sans les coupures pub !
La meilleure d’entre nous parle de cuisine, tout à fait, puisque le pitch du roman est un concours de cuisine en hommage à Kathleen Eaden. Ceux qui rendent le roman lisible, et qui le différencient d’un livre de recette (mis à part le fait qu’il manque les dosages des ingrédients ainsi que les temps de cuisson… hihi), sont les personnages. Familiers et terriblement attachants, parce qu’ils nous ressemblent tellement.
Jenny, Vicky, Claire, Karen et Mike sont nos cinq candidats. Mais ils sont bien plus que ça. Ce concours est une quête assoiffée de reconnaissance qu’ils sont bons à quelque chose finalement. Attention quand même, ils ne sont pas en péril social, non. D’ailleurs, l’une de leur vie ressemble forcément à la nôtre. Une mère au foyer au mari sarcastique, un macho de mari absent, un passé douloureux, un divorcé plus tout jeune, une mère célibataire… leur quotidien, leurs coups de blues et leurs coups de cœur.
Et ce n’est pas tout. Le personnage principal du roman est certainement Kathleen Eaden, la papesse de la cuisine anglaise. Ce concours est d’ailleurs destiné à lui rendre hommage, avec des recettes directement inspirées de "l’art de la pâtisserie" (son chef-d’œuvre). Une lointaine cousine de notre Maïté nationale, qui a publié des livres mêlant conseils, astuces infaillibles et modes de cuisson des mets courants (pas de petits pois au capuccino, ni de thon à la vanille).
Le déroulement du concours est savamment interrompu pour nous livrer des bribes du passé de Kathleen Eaden (de plus en plus mystérieux), pour reconstituer le passé des candidats (à mots prudes et sans voyeurisme). Des citations de l’Art de la Pâtisserie, de la meilleure façon de faire lever une pâte au sens que vous mettez dans des pancakes matinaux, la cuisine est vue comme un art plus que comme un moyen de se remplir le ventre.
A dévorer à l’ombre d’un bout de truc. "N’oubliez pas : la pâtisserie est une preuve d’amour". |