Comédie tragi-comique d'après l'oeuvre éponyme de Octave Mirbeau, mise en scène de Philippe Person, avec Florence Le Corre-Person et Philippe Person.
Avertissements liminaires : ce "Journal d'une femme de chambre" ne constitue pas une transposition théâtrale du célèbre roman de Octave Mirbeau mais une adaptation libre et, contrairement à ce que peut laisser accroire l'illustration de François Damville, inspirée par "L'Origine du monde" de Courbet, retenue pour l'affiche, ne s'inscrit pas dans un registre érotique.
En d'autres termes, pour satisfaire au projet conçu par Philippe Person relatif à une partition pour deux comédiens, en l'occurrence le couple Florence Le Corre-Person et Philippe Person, Philippe Honoré ne retient du roman pamphlétaire extrêmement virulent tendant non seulement à la dénonciation du cynisme, de la cruauté et de la perversion de la classe dominante du 19ème siècle qu'est la bourgeoisie mais à la contamination sociale qui résulte du brouillage des valeurs qu'elle opère, que la galerie de personnages.
Tout comme il expurge le personnage central de Célestine de son inextricable nausée existentielle et de sa velléité de revanche sociale pour en faire une femme séduite par la proposition de l'inquiétant jardinier qui va lui permettre de quitter la condition ancillaire.
La situation est recontextualisée, très précisément en 1974, la femme de chambre a publié son journal devenu un best-seller et revit, à l'occasion d'une pseudo-interview, quelques épisodes de sa vie passée dont certains, celui des fameuses bottines et du jeune fils de famille phtisique, ne sont évoqués que par une voix-off, ce dernier faisant de plus l'objet d'un insert vidéo.
A la mise en scène, Philippe Person a traité sur le mode tragi-comique le montage de scènes alternant soliloques ressortant au monologue intimiste et scènes dialoguées placées sous le signe de la caricature comique et dispensées près d'un kitschissime castelet tournant.
Philippe Person ne boude pas son plaisir à interpréter de manière très appuyée trois figures masculines, celles de Monsieur, giscardien et engrosseur patenté, du jardinier pétainiste et criminel et du militaire voisin libidineux. Florence Le Corre-Person est très juste dans les parties monologales éclairées de brèves fulgurances douloureuses.
Rodé au cours du Festival d'Avignon 2015, le spectacle a déjà trouvé son rythme de croisière. |