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Théâtre Clavel  (Paris)  septembre 2015

Comédie dramatique de Michel Marc Bouchard, mise en scène par Olivier Sanquer, avec Axel Arnault, Hubert Bolduc, Nicolas Dionne-Simard, Simon Guirriec, Rouslan Kats, Laurent Mere, Sébastien Pruvost et Denis Rolland.

Les ors, la pourpre et le cristal des grands théâtres à l'italienne constituent rarement un environnement propice aux pépites théâtrales et c'est au petit Théâtre Clavel que se niche "Les Feluettes" pour laquelle le Collectif Nacéo dirigé par son fondateur, le metteur en scène québécois Olivier Sanquer, livre un travail d'exception.

Si le visuel de l'affiche semble évoquer une légère comédie "gay friendly", son registre est celui du drame. En effet, cette pièce constitue une des oeuvres majeures du dramaturge québécois Michel Marc Bouchard, grande figure de la scène canadienne, écrite à la fin des années 1980 et dans laquelle il revisite, au masculin, le mythe amoureux, l'amour tragique et la jalousie dans une partition qui ressort à la tragédie.

Une partition singulière placée sous le signe d'un lyrisme à la hauteur du thème traité qui, par ailleurs, hybride humanisme et mysticisme pour élever la pureté de l'amour juvénile, et ce quel que soit le sexe des amants, en amour sacré.

De nombreuses années après avoir été condamné pour un meurtre dont il est innocent, Simon obtient la venue dans son pénitencier de l'évêque Bilodeau, sorte de Savonarole au petit pied qui prône la vertu morale et la conformité des moeurs à la doctrine ecclésiastique, qui fut son condisciple dans une école confessionnelle au début du 20ème siècle, pour que la vérité soit enfin révélée à l'issue d'une représentation du passé retraçant les circonstances dans lesquelles Vallier, le jeune homme qu'il aimait, a trouvé la mort.

Dans une communauté bien-pensante placée sous l'aune de l'hypocrisie, cet amour, souvent pudiquement qualifié d'amitié particulière qui constitue un corollaire presque ordinaire des amours adolescentes en milieu scolaire fermé, aurait été toléré s'il était resté occulte.

Mais la colère du père de l'un, qui y voit une perversion et une offense à son honneur, la mère de l'autre, vivant dans un monde imaginaire pour oublier sa situation personnelle de femme abandonnée, encourageant cet amour qui la laisserait à jamais la seule femme dans la vie de son fils, et, surtout, la jalousie d'un amoureux éconduit portent le fait sur la place publique et réveiller les démons de l'intolérance.

Travail d'exception donc en ce qu'il implique d'intelligence et de discernement dans les parti-pris de mise en scène d'un texte fort et ambitieux traitant d'un sujet universel et intemporel et, par ailleurs, militant, de rigueur dans la directeur d'acteur et de justesse dans l'interprétation par une troupe de comédiens québécois, français et suisses.

La mise en scène rigoureuse de Olivier Sanquer impressionne non seulement par sa grande économie de moyens scénographiques, deux palettes, une caisse en bois et quelques chaises, mais par son registre pour le moins singulier qui pourrait être qualifié, nonobstant l'antinomie apparente des termes, de "in-yer-face sulpicien".

Ecartant le naturalisme tout comme les codes et clichés appliqués à l'homosexualité, il insère la pièce - qui comporte des épisodes violents, de violence physique mais également psychologique - dans l'atmosphère qui préside au genre dramatique du mystère érigeant le le théâtre en cérémonie et qui est celle, dans un renouvellement du genre avec l'immixtion du profane, - en l'espèce, l'hybridation du sacré et du profane affleure constamment, notamment avec deux bouleversantes scènes de Pieta - du texte de Gabriele d'Annnunzio écrit pour "Le Martyre de Saint Sébastien", mis en musique par Claude Debussy, joué par les deux jeunes gens dans le cadre d'un spectacle d'école et qui leur révèle, comme à ceux qui veulent le voir, l'incandescence de leur amour.

La distribution est homogène et l'interprétation chorale est émérite. Dans les rôles principaux, Laurent Mère porte celui du jeune homme ravagé par la jalousie destructrice, et Denis Rolland et Simon Guirriec, respectivement la mère de Vallier et la dame qui projette d'épouser Simon, campent crédiblement, et sans travestissement de la voix, les personnages féminins.

Mention spéciale à Hubert Bolduc et Axel Arnault, dans une excellente incarnation des "fluets", terme caractérisant les jeunes garçons sensibles dont est tiré le titre de la pièce, qui portent haut la foi en l'amour défendue par Marc Michel Bouchard, l'amour absolu qui transcende.

 

MM         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
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