Vaudeville de Nicole Genovese, mise en scène de Claude Vanessa, avec avec Matthieu Benigno, Paul Bouffartigue, Renaud Boutin, Sébastien Chassagne, Nelson Ghrénassia, Nicole Genovese, Marion Gomar, Adrienne Winling et Angélique Zaïni.
Ceux qui avaient découvert avec délice, au cours de représentations ponctuelles lors de sa création en 2014 dans le petit lieu de La Loge, "Ciel ! Mon placard", parodie-pastiche du vaudeville écrit par la comédienne Nicole Genovese, se réjouiront de le retrouver à l'affiche du Théâtre du Rond-Point. Pour les autres, spectateurs curieux et/ou amateur d'iconoclastie théâtrale, ce sera une belle et étonnante découverte.
Si Nicole Genovese procède dans cet opus qu'elle qualifie d'"ignominie culturelle" - attention humour à effet kiss kool - au dynamitage en règle du théâtre de boulevard dont elle connaît bien les codes et les thématiques pour les avoir exploré dans une conférence performative ("Théâtre de Boulevard"), ce positionnement n'est pas si anodin, ou éventuellement potache, qu'il semble paraître.
En effet, il repose sur une réflexion de haut vol sur le dogmatisme théâtral ambiant, sous-tendue par une réflexion métaphysique sur la formule vitezienne du "théâtre élitaire pour tous", la définition du théâtre subversif et l'accouplement de deux rires, celui de l'intello et celui du beauf laquelle a également donné lieu à un spectacle humoristique intitulé "Mon métier, ma passion".
Cela illustré par un divertissement dépourvu de toute mission ou alibi socio-politico-moral qui convoque Feydeau, Ionesco et Pirandello pour boutiquer une épopée rocambolesque au dénouement saugrenu épicé au méta-théâtre qui commence par le projet de participation de Dada Pertignac, archétype de la bourgeoise de la Belle Epoque excellemment campée par Nicole Genovese en tenue ad hoc, compromis par un vrai faux départ à l'étranger pour courir au chevet de la mère de son mari hipster en redingote (Renaud Boutin).
Sont entraînés dans une folle ronde un amant bisexuel pacsé (Sébastien Chassagne) qui se retrouve sans sa moitié (Matthieu Benigno) mais avec une fillette délurée (Angélique Zaïni), une bonne aux mains sales (Adrienne Winling), un valet inquiétant (Paul Bouffartigue) et un capitaine déboussolé (Nelson Ghrénassia).
En maître d'oeuvre multi-tâches, Nicole Genovese a conçu le décor articulé autour de l'incontournable placard qui hybride l'univers cheap du café-théâtre des années 1970 et l'esthétique du laid des années 1990 du style Deschiens et confié la mise en scène à Claude Vanessa qui se charge de régler le ballet de sa bande de joyeux lurons.
Et un vaudeville ne serait pas un vaudeville s'il ne comprenait des intermèdes qui, en l'espèce, prennent la forme d'inénarrables chansons d'opérette-bouffe, sur une mélodie Bontempi composée par Matthieu Benigno, dispensés par la pétulante soprano Marion Gomar, qui interprète une cantatrice finlandaise qui, elle aussi, sort du placard s'ouvrant à cet effet à la manière d'un pop-up.
Nicole Genovese espère que cette partition s'avère divertissante, conviviale et dégourdie. Mission accomplie ! |