Comédie dramatique de Christophe Garro et Jamie O’Neill, mise en scène de Christophe Garro, avec Philippe Le Gall, Thomas Cauchon, Matthieu Gibert, Jean-Marc Dethorey, Cécile Sudour, Barnabé d'Hauteville, Bertrand Schol et Pierre Sardella.
Adapté du roman éponyme de Jamie O'Neill, "Deux garçons, la mer" retrace le parcours de Jim et Doyler, deux adolescents qui, au début du vingtième siècle, rêvent de liberté dans une Irlande asphyxiée par la grande guerre et le joug de la couronne britannique.
Anciens camarade d'école dont les vies ont bifurquées, ils se retrouvent autour d'un rêve commun : rejoindre à la nage un îlot en pleine mer pour y planter le drapeau de leur liberté. Ils s’entraînent ensemble dans la baie de Dublin, assisté par leur mentor, Anthony McMurrough, riche irlandais ayant purgé deux ans de travaux forcés pour attentat à la pudeur qui les éveille peu à peu à la politique, la philosophie, leur propre sexualité, tandis que l'Irlande verse irréversiblement dans l'insurrection.
Christophe Garro choisit de faire une adaptation sobre du roman de O'Neill, sur un plateau nu, avec des costumes simples mais évocateurs de l'époque, préférant jouer sur les lumières que sur les décors, laissant la part belle aux corps, aux mots et donc aux comédiens. Toutefois, avec ses parti-pris de mise en scène, le spectacle composé d'un enchaînement de tableaux avec de nombreux noirs transitionnels ne parvient pas totalement à susciter l'émotion romanesque qui préside à cette histoire.
Il se dégage du couple formé par Thomas Cauchon (Jim) et Philippe Le Gall (Doyler) une sensualité, une maladresse pleine de sincérité, une intimité telle que le spectateur se retrouve pris d'un sentiment troublant proche du voyeurisme.
Matthieu Gibert est particulièrement talentueux dans son interprétation toute en nuance de McMurrough, homme brillant mais brisé par la prison et hanté par ses démons, personnifiés par le personnage de Scrotes, fantôme de son défunt compagnon de cellule, incarné par Bertrand Schol. Cécile Sudour campe quant à elle une Eveline McMurrough, tante d'Anthony tout à fait convaincante.
La partition à la sensualité violente réussit une complexe alchimie des idées et des sentiments qui retrace parfaitement l'ambiguïté d'une génération en lutte sur bien des fronts et interpelle de manière pertinente sur les chemins de la liberté, que celle-ci soit politique ou sexuelle.
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