Comédie dramatique d'après une oeuvre de August Stridberg, mise en scène de Jonathan Chatel, avec Pauline Acquart, Pierre Baux, Thierry Raynaud et Nathalie Richard.
Jonathan Chatel propose avec "Andreas" une partition épurée, au fond comme en la forme, inspirée par "Le chemin de Damas" du dramaturge suédois August Strindberg, pièce-fleuve inscrite dans le courant du naturalisme spiritualiste qui traite de la conversion religieuse qui constitue une des préoccupations des intellectuels à la fin du 19ème siècle.
Après la notoriété et le bonheur, un écrivain se trouve confronté simultanément à l'impuissance créatrice, au divorce et à une crise identitaire, existentielle et spirituelle. La rencontre de plusieurs personnes et notamment une femme dont l'amour pourrait être rédempteur, le conduisent à une remise en question personnelle qui peut le conduire à un bouleversement radical de son chemin de vie.
Jonathan Chatel indique avoir voulu aborder ce qu'il nomme "la métamorphose subjective" avec un spectacle qui dresse le paysage mental du protagoniste assailli par l'intervention de personnages, rencontrés ou invoqués, qui sont autant de réminiscences mnésiques incitant à la tabula rasa pour se reconstruire dans le respect des codes de loi.
Ce périple se déroule dans une décor braunschweigien de Gaspard Pinta, d'indéterminées structures jaunes en bois, du jaune qui évoque peut-être la couleur du soufre que Strindberg manipulait dans sa quête alchimique, et en fond de scène, un mur de portes pivotantes en tôle noire qui fait office de frontière entre deux mondes, animé par les seules lumières de Marie-Christine Soma.
La mise en scène de Jonathan Chatel, qui ne verse pas dans le spectaculaire illustratif ni dans les artifices scéniques, parvient, à condition pour le spectateur de s'affranchir de toute rationalité, à créer une atmosphère d'étrangeté dans laquelle coexistent les croyances mythologiques avec l'histoire de l'enfant échangé entre humains et trolls et le christianisme avec la malédiction du Deutéronome.
Nathalie Richard et Pierre Baux, tout deux appareillés de micros hf dont la finalité, peut-être de disparité tonale, n'est pas patente, et Pauline Acquart campent avec rigueur de fantomatiques figures. En contrepoint, le jeu plus incarné de Thierry Raynaud donne une belle corporéité au personnage central. |