Comédie de Marilyne Bal, mise en scène de Anne Bouvier, avec Jean-Claude Dreyfus, Julia Duchaussoy et Frédéric Quiring.
Un tendre lien d'amour presque filial unit une jeune femme et son parrain.
Jusqu'au jour où celle-ci annonce simultanément qu'elle va se marier, que le futur époux est d'origine libanaise, que de surcroît il officie également aux fourneaux mais dans le registre de la cuisine moléculaire, et enfin, qu'elle va vendre le mas familial où il réside pour commencer une nouvelle vie.
Car le bonhomme, vieil ours solitaire, bougon et caractériel, ancien restaurateur talentueux que ses sautes d'humeur ont acculé à des faillites à répétition, et fidèle ami de ses parents tragiquement disparus dans un accident d'avion, se trouve titillé dans sa jalousie quasi-paternelle, sa méfiance xénophobique et son ostracisme culinaire.
Présentée comme "une comédie romantique aux saveurs du Sud", "Le Chant des oliviers", première pièce de Marilyne Bal, réunit tous les récurrences romanesques des fictions télévisées contemporaines calquées sur celles du roman de gare, implantation dans la France régionale, tourmente familiale avec secret de famille et conflit générationnel, bons sentiments et valeurs familiales pour un happy end. Car pour bien s'aimer, s'aimer mieux, il faut des orages et le ciel est plus bleu après la pluie.
Si le décor sobre de Sophie Jacob, le chant des cigales, à défaut de celui muet du grand olivier en pot, et le bouquet de lavande en avant scène évoquent clairement l'implantation provençale, la mise en scène de Anne Bouvier évite heureusement "la pagnolade avé l'assent".
Julia Duchaussoy et Frédéric Quiring jouent sur le fil de l'émotion des personnages, pour elle face à une difficile résilience, pour lui face à la primauté des devoirs familiaux.
Physique d'ogre chaleureux, oeil malicieux et air de Raminagrobis matois qui masque une sensibilité à fleur de peau, Jean-Claude Dreyfus, truculent comme toujours, excelle dans le rôle du parrain qui navigue entre comique et émotion. |