Marmande, sous-préfecture du Lot et Garonne accueille pour la 9ème fois le festival Garorock.
Ce rendez-vous désormais incontournable présente, une fois de plus, un plateau composé de stars internationales (Popa Chubby, Mono Solo, Max Roméo, Dj Vadim) et de groupes peut-être moins connus mais méritant vraiment le détour. C'est d'ailleurs grâce à cet équilibre et à ses trois espaces distincts (Grande scène, scène rock et scène groove) que le festival a conquis au fil des années un public toujours plus nombreux.
Garorock se joue cette année sur deux jours et présente les différents courants qui font les couleurs de notre paysage musical.
16h. Départ de Toulouse direction Marmande. Après une bonne heure et demie de route, nous arrivons dans la zone industriel de Marmande. Le site est grand et propose trois zones distinctes. La disposition proposée nous évitera ainsi de nous retrouver dans un cafarnaum de bruit.
En effet les trois scènes sont bien séparées et couvertes, ce qui n'est pas négligeable en cas de drache ! Bref, je m'active quand même car j'ai rendez-vous avec les Dirty Fonzy pour une interview du groupe de punk d'Albi. Je montre patte blanche aux vigiles et je me retrouve dans l'espace V.I.P à la recherche les loges des keupons. Personne dans les loges mais je reconnais le guitariste que j'avais déjà vu l'année dernière au festival Skabazac. Les deux autres arrivent et je commence ma toute première interview…
Une demi-heure plus tard, soulagé car ils ont été vraiment bon esprit, je me dirige vers le tout premier concert du week-end.
Les premiers festivaliers arrivent et on peut entendre ici et là les premiers "la saison des festivals et arrivée et ça fait vraiment plaisir". Mais bon, ce n'est pas encore la grosse foule. En effet, les festivals commençant généralement le vendredi, il ne faut jamais s'attendre à un remplissage digne de Woodstock.
Bref, après avoir pris position des lieux et effectué les premiers repérages (stands de binouses, toilettes). Je me rends à la scène groove sous le grand chapiteau. En attendant les LMZ, groupe toulousain mélant musique électronique et guitares brutes, je discute avec l'organisation et les zicos présents. Le stress monte car on accuse d'entrée de jeu, un retard de plus d'une demie-heure… Mais bon, tout rentre dans l'ordre lorsque LMZ commence à jouer.
Les curieux débarquent et découvre ce groupe toulousain composé de deux musiciens et d'une danseuse.
Franck Flies, sérieux et appliqué, assoit ses batteries sur les machines de Philo Fournier au chant et à la basse. L'écran géant derrière eux nous offre des animations psychédéliques et renforce le côté abrasif et le son métallique des morceaux issus de leur nouvel album.
Les grooves s'enchaînent et les transes de la demoiselle nous envoûtent…
Le concert est de très bonne qualité mais le temps commence déjà à me manquer. La grande scène commence ses concerts dans moins de 5 minutes avec Debout sur le zinc.
C'est aussi l'inconvénient des gros festivals comme celui-là. En effet, le fait d'avoir trois scènes différentes permet à chacun de trouver son bonheur dans la programmation proposée. Mais on se retrouve toujours devant l'éternel dilemme : je change de scène ou je reste ?
Le site commence à se remplir, les gens commencent à s'agglutiner sous l'entrepôt servant à l'accueil de la grande scène. Le concert à déjà commencé. Debout sur le zinc a apparemment commencé un poil en avance (ce qui est suffisamment rare pour le signaler) et je me suis fait avoir comme un bleu.
Je me dépêche de prendre une ou deux photos avant de me faire gicler par la sécurité. En effet, il n'y a pas moyen de rester dans la fosse devant la scène plus de trois morceaux. C'est pas plus mal car ça permet aux spectateurs de ne pas voir des photographes constamment devant eux.
Deux photos ont quand même été prises à la va-vite. Je sors de la zone presse mais il n'y a vraiment pas moyen d'accéder aux premiers rangs. Je me résigne à rester derrière en espérant que le son ne sera pas trop pourri au fond.
Et bien non ! Une belle surprise nous attendait. En effet, l'organisation avait prévu une grosse rangée d'enceintes dans le fond pour permettre à tout le monde d'avoir une écoute optimale quelque soit l'endroit. Un bon point pour Garorock sur ce coup là.
Les 7 musiciens de Debout sur le zinc envoient une musique populaire et festive. Les gens dansent sur les morceaux offrant de multiples influences allant du rock aux sonorités tsiganes. Le concert sent bon la joie de vivre.
Le mélange entre les cuivres, les cordes et l'accordéon est superbe. Bref, un peu de poésie (le nom du groupe est un hommage à Prévert) avant de retrouver le punk brut des Dirty Fonzy sur la scène rock.
Les badauds débarquent sur les premiers accords destroy des 5 zouaves. Mis à part Gilou, qui vient de prendre la succession du bassiste "Fonzy" qui vient d'être papa, les joyeux drilles d'Albi tournent ensemble depuis 1998.
Autant dire que les 60 dates déjà réalisées pour leur tournée de promotion de leur album Playing punk song leur assurent une présence scénique à toute épreuve.
Ils assurent un bon vieux punk des familles, péchu à souhait mais sans violence gratuite. C'est justement ce qui me plait chez eux. Ils sortent vraiment des clichés habituels. Ils n'arrivent pas en beuglant comme des veaux, "chui un punk donc je joue comme un goret". Non, ils en ont toute l'énergie mais leur concert est vraiment sympa.
Bon, d'accord, ce ne sont pas des enfants de cœurs non plus, faut pas exagérer. Mais j'aime vraiment leur style et leur énergie positive. Ils utilisent leurs grattes pour assurer des riffs tendus et speed tout en proposant des riffs de trompette assurés par le survolté Midier, seul keupon que je connaisse avec des converses (je charrie les gars, ok ?).
Le son est peut-être un peu trop propre pour les puristes mais les pogos vont bon train… En résumé, si vous buvez de la 4°7 (avec modération bien sûr), ce groupe est pour vous.
Le concert se termine et je cours pour arriver in extremis pour le début des Taraf de Haïdouks. Le groupe tzigane vient de Cléjani, un petit village roumain situé près de Bucarest.
La douzaine de musiciens est composée de cousins, oncles, frères. Toute la famille est là et nous délivre une musique traditionnelle enjouée à partir d'instruments à cordes, d'accordéon, de flûte ou encore de cymbalum (type de piano à percussion). Après Debout sur le zinc, la grande scène continue dans l'esprit festif et joyeux.
Mais bon, je ne suis pas là non plus pour m'endormir. La musique tsigane, ça va bien 20 minutes mais après ça me plait nettement moins. Je décide donc de bouger et j'hésite alors entre Nosfell, artiste aux multiples facettes qui résiste à tout classement conventionnel et The Devil Makes 3. Allant voir Nosfell dans quelques semaines, je retourne donc vers la scène rock pour voir le groupe from USA.
Comme prévu, les The Devil Makes three sont … trois. Ils mélangent tous les styles en allant du ragtime au country et poussent ainsi les limites du style acoustique.
La jolie demoiselle à la contrebasse est accompagnée de deux guitaristes folks. Ils envoient des chansons parfois un peu naïves mais toujours agréables. J'ai tout d'un coup l'envie de retourner en Irlande pour me retrouver dans un de ces pubs toujours bondés où la Guinness et le Whiskey coulent à flots. Un groupe bien sympa qui mérite d'être découvert lors d'un festival.
L'appel du ventre commence à se faire sentir. Je me dirige donc vers mon sempiternel "saucisse moutarde". Surprise ! J'avais oublié que depuis quelques années les festivals font des efforts sur le choix qu'il propose : assiettes variées et stands grillades. Le tout est vraiment de bonne qualité (dixit mon pote Pierrot qui mange comme 10) et le service est très sympa. Bref, j'y retournerai…
Les mains grasses et la bouche pleine, je vais sous le chapiteau de la scène groove pour voir ce que donnent les marseillais d'Oaïstar.
Té bonne mère, c'est le waï là dedans !! Ca slame de partout, tout le monde saute et sur scène, le débit et la tchatche de Lux (Massilia Sound System), Gari Greu et de Toko Blaze font un ravage.
J'attendais "Mets les watts cousaing" (c'est le seul titre que je connais) mais j'ai dû arriver trop tard… Je reste jusqu'à la fin et je ressors avé le sourire. Ils ont bien la gouache les cousins en tout cas.
L'appel de la binouse se fait maintenant de plus en plus pressant (toujours avec modération bien sûr). Avec mon pote Pierrot, on se dirige vers le bar de la salle rock, là où sont les plus jolies serveuses du site (t'inquiète pas ma chérie, je t'aiiiimeee). Forcément j'avais oublié les tickets. Je retourne vers la cabane. J'ai été surpris de ne pas faire la queue. J'ai été servi tout de suite, j'ai pu commander ma binouse dans la foulée, et la boire avant le début de Mano Solo. Belle optimisation tout de même.
Vendredi 1 er Avril, journée contre le SIDA, on ne pouvait pas rater la prestation de Mano Solo. D'ailleurs, dans la fosse, c'est vraiment du délire. Une nuée de photographes est arrivée pour l'occasion.
Faut dire qu'ils devaient avoir fini de prendre l'apéro et qu'ils attendaient le monstre sacré de la chanson française avant de repartir sans même avoir vu ce qui se passait à côté. Je trouve dommage qu'une fois de plus on axe l'attention du public sur le chanteur et sa maladie. Il serait bon aujourd'hui de parler de Mano Solo en tant qu'artiste plus qu'en tant que malade.
Va bien falloir que je parle de lui et de sa musique maintenant que j'ai passé mon coup de gueule. Honnêtement, malgré la qualité technique de tous ses musiciens, je me suis véritablement ennuyé. J'ai eu l'impression d'entendre toujours les mêmes chansons. Bref, le concert n'était vraiment pas à mon goût. Je n'ai pas dû comprendre le message. Cependant, ça n'enlève rien à sa voix et à ses textes.
Chapeau bas quand même car ce n'est pas facile d'être programmé au milieu de tous les autres groupes dans un style un peu hors norme.
Bref après la déception du concert précédent, il était temps de renouer avec un petit quelque chose qui nous fait bouger… The film.
On a tous en tête, la musique de la pub pour la 407, enfin je l'ai tout du moins. Je me suis donc demandé ce que pourrait donner en concert ce groupe bordelais au drôle de nom.
L'arrivée sur scène me plaît d'entrée de jeu. Leur côté un peu kitsch me fait délirer : ‘tiag en croco pour l'un et petites bottines pour l'autre, le tout agrémenté de costards un peu as been.
Côté musique, leur jeu très rythmé est soutenu par un sax et un clavier ; la foule venue s'agglutiner pour voir le dernier groupe à la mode semble apprécier. Le concert est excellent et je m'étonne de voir une telle maturité alors qu'ils n'ont pas encore sorti leur premier album (prévu pour avril au passage). Ils ne cachent pas au travers de leurs morceaux les influences 70/80 qui ont dû les bercer.
Les arrangements électros sont très bien incorporés et finissent par nous convaincre que nous sommes en présence d'une petite curiosité qui devrait faire des ravages dans les années à venir.
On a l'impression tout de même d'avoir déjà tout entendu ailleurs mais ce n'est pas grave, j'ai a-d-o-r-é.
Et mince, fallait bien que ça m'arrive. J'avais oublié de recharger entièrement la pile de mon appareil photo. Conclusion, un retour à la piaule pour recharger le matos. Je loupe donc Zenzile qui pourtant s'annonçait alléchant.
Je reviens pilepoil pour le concert de Popa Chubby, the king of blues, que je n'avais jamais vu auparavant.
Le monsieur en impose. Il est vraiment le boss sur scène. Le bassiste et le batteur lui obéissent au doigt et à l'œil. Le new-yorkais nous plante une pleine heure d'Hendrix à sa façon. Le pied total !
Quel bonheur de voir le seul guitariste qui puisse combler le vide laissé par tous les grands disparus et faire ainsi le lien avec les générations futures. J'ai vraiment du mal à trouver les mots tant la prestation de Popa fût éblouissante.
Il est encore temps d'aller voir Sidilarsen sur la scène rock. Le groupe toulousain sait manier tous les styles. Il croise le rock avec le ragga, la jungle avec le punk, ou encore le métal avec le hardcore.
Les guitares sont lourdes et le chanteur assure. Le tout est réussi et le groupe a réellement progressé en comparaison avec leurs débuts. Cependant, ça ne me restera pas comme le concert du week-end.
Une certaine fatigue commence à monter. En, effet, à force de courir partout pour en voir le plus possible, on passe à côté de certains groupes car on ne peut pas voir leur concert en entier.
Les festivals ressemblent à de grands supermarchés où l'on se doit de tout voir par peur de louper quelque chose. Ce n'est sûrement pas la meilleure technique mais c'est celle que l'on est amené à adopter. M'enfin bon, on ne va pas se plaindre non plus de voir autant de choses en un week-end, c'est aussi ce qui fait le charme d'un tel week-end. Ca peut permettre de découvrir certains groupes et d'aller les voir ensuite pour un concert lors d'une soirée dédiée.
Il est tard et le dernier dilemme de la soirée : Max Roméo ou Didier Super ? Bon, les reggaemen me diront, "Jah man, Max Roméo, c'est trop de la balle, fffffftt". Pourtant, je n'ai vraiment pas envie de me poser qu'en bien même je suis fatigué. Je risque de m'endormir au milieu des cadavres imbibés. Je me décide donc pour Didier Super.
Je ne connais pas du tout le bonhomme, ni ses chansons. "Rhoooo l'autre, y connaît pas Marre des pauvres et tout ! ". Et bah non ! J'avais juste entendu une interview déjantée de Didier Super sur une radio locale après son concert au LR à Toulouse.
Ca commence bien, je sens que DS va nous la jouer provoc' tout du long. En effet, ayant accès aux coulisses, j'ai pu voir que le monsieur se faisait désirer. Au bout d'un quart, il se décide à lancer le concert.
Il arrive sur scène en compagnie de monsieur, euuhh, madame, euuuh, enfin, je l'appellerai l'androgyne pour faciliter les échanges. Il commence à chanter, le premier rang (parce qu'il y avait vraiment des fans) chante à tue-tête. Puis soudain, DS s'arrête de chanter pour laisser place à une bande préenregistrée. Les peaux de bananes et les bouteilles de flottes volent !
DS en rajoute et provoquera ainsi tout le long du concert. Fabrice, alias simplet, quant à lui joue parfaitement son rôle. Les effets spéciaux à la française nous rappelle la difficulté d'obtenir des moyens digne de ce nom.
La boule à facette se résume donc à un Fabrice portant un blouson de cuir où sont collées des pièces de verres permettant ainsi de réfléchir la lumière de façon harmonieuse.
En plus d'effets spéciaux hors pairs, Fabrice nous gratifie des plus beaux soli de flûte qu'il m'a été permis de voir. Plus sérieusement, on ne peut pas décemment dire que DS est la plus grande trouvaille musicale du moment. Cependant, je dirai que ce concert m'a vraiment fait délirer et je ne regrette pas du tout d'être allé le voir. Je conseille à bon nombre d'entre vous d'aller le voir car c'est vraiment quelqu'un hors du commun qui joue parfaitement son rôle !
Malgré l'excitation dûe à cette belle journée, il va falloir prendre des forces pour demain. Une longue journée nous attend avec entre autres AQME, Lofofora, Les Svinkels ou encore les Nashville Pussy.
Bonne nuit les petits. |