Monologue dramatique de Jacques Mondoloni interprété par Georges Salmon dans une mise en scène de René Albold.
Un peu de théâtre contemporain ! Plus besoin de balais à poussière, de nostalgie, de traduction, là, on parle d’ici et de maintenant.
Georges est un maître d’hôtel de restaurant huppé, expert en diplomatie, justesse du mouvement, discrète obséquiosité.
Chaque soir, il rentre dans son appartement où une femme invisible, grand amour de sa vie, demeure, couchée, souffrante, muette, à qui il fait la conversation, prépare le dîner, repasse le peignoir. Une seule marotte égaie cette existence terriblement régulière : il rapporte chez lui les téléphones portables oubliés par la clientèle.
Angoissées, ces machines vulgaires vrombissent, "vibrassent", ululent, et lui, de répondre et de jouer avec ces voix nasillardes ou sucrées, de les trier, de les répartir, de les plonger dans l’effarement : petite puissance tendre et vengeresse d’un homme sans pouvoir.
Jacques Mondoloni, auteur de théâtre mais aussi romancier reconnu, a écrit un texte sensible, profondément humain, fable moqueuse sur les travers du Contemporain, sur sa solitude, la banalité des jours, l’intrusion du virtuel qui induit, toujours plus, à jouer sa vie plutôt qu’à la vivre.
Au service de l’auteur, un comédien exceptionnel, brillant, qui incarne ce jeune homme abandonné à ses rêveries, devenu vieux comme on rate une marche. C’est Georges Salmon, il faut aller l’applaudir. La mise en scène de René Abold, subtile, traçant un labyrinthe découvert vers la solitude, se révèle efficace en diable.
"L’appel des abeilles" n’est pas un "Seul-en-scène", c’est une vraie belle pièce, servie avec passion par des gens de théâtre. A découvrir ! |