J’ai rencontré Lou Barlow dans les années 90, pendant la période Folk Implosion. J’adorais le folk, revival 60’s, Dylan, Joni Mitchell, Simon & Garfunkel… Bref, quand j’ai entendu deux copains parler de The Folk Implosion dans la cour, je me suis dit : "ça, c’est pour moi !". Je vous entends rigoler, mais soyez indulgents, je n’avais même pas encore de boutons d'acné. Surprise donc, mais bonne surprise. Je m’y retrouvais bien dans le joyeux bordel plus ou moins organisé de Take a look inside, j’avais la sensation d’écouter des potes jouant dans leur garage à côté de chez moi, j’avais envie de prendre une guitare et de m’y mettre avec eux. J’ai continué à suivre le groupe - Dare to be surprised ! - jusqu’à ce que mes envies musicales bougent, ce qui pouvait aller relativement vite au gré de mes poussées d’hormones.
Comme toutes les amours de jeunesse, la musique de Lou Barlow ne m’a ensuite jamais vraiment quitté. Et voilà que je la retrouve vingt ans après.
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Bien que ça n’ait rien à voir, dès les premières notes, je me retrouve plongé dans mon propre passé, cette époque bénie où la mère de Marcel nous servait le thé avec une madeleine. Je retrouve la même spontanéité, ce besoin de jouer, de raconter, cette même énergie mais portée maintenant par la maturité d’un homme qui n’a plus rien à prouver. C’est l’acoustique qui me happe tout de suite. Acoustique parce que les instruments qui accompagnent ce disque le sont (en majorité), mais acoustique surtout parce qu’on a l’impression d’être à côté de lui, dans la même pièce. En écoute au casque, c’est réellement troublant. L’album sonne, et même bien (ce qui n'est pas toujours une évidence chez Barlow), mais sans en avoir l’air. Comme ces chansons qui ne veulent rien prétendre et nous disent tout. Quand il chante, presque à bout de souffle "it’s not a fight, it’s my body aging” ("Pulse"), on ressent la confidence comme un coup dans le ventre tant elle semble juste et sincère.
Si la guitare se fait parfois électrique, si un synthé peut venir faire un solo ou une ligne de basse, c’est avant tout une affaire entre Lou, sa guitare et nous. Et quand il frappe les cordes, c’est du rock. Pur. Dur. Franc. Vrai. Plus à nu que jamais, il assume ses faiblesses, ses fautes, ses colères, les douleurs et le temps qui use, avec une simplicité désarmante. En neuf titres pris sur le vif, il nous braque le cœur, claque, marque, trace, coupe et recolle comme la vie. "Things I learned that I learn repeat, learn repeat". Juste.
[] Stop
Voilà, Lou Barlow est revenu dans ma vie. Pour combien de temps ? Je ne sais pas. Autres temps, autres mœurs. Si les disques valsaient alors au même rythme que les peines de cœur, c’est aujourd’hui à la vitesse de l’éclair que se succèdent les sorties d’album, une bonne surprise chassant un coup de cœur d’un jour sur l’autre. Mais je me surprends à souhaiter que ce disque-là reste sur ma platine longtemps, au moins jusqu’à la prochaine visite chez le disquaire du coin qui ne serait pas devenu un restaurant chinois, comme si une porte s’était ouverte sur le temps. Après tout, le 21 octobre 2015 approche, on peut y croire.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.