Oiseau de Gisèle Pape : et soudain l’oiseau se fait sirène
La première fois que j’ai entendu le titre "Encore" de Gisèle Pape, c’est la fragrance d’une fin d’après-midi pluvieuse de 1992 qui s’est imposée à moi. Ce jour-là, au sortir de la Fnac Bastille, je ramenais un disque précieux : La Fossette de Dominique A et son inusable "Le Courage des Oiseaux".
Plus de 20 ans après (Thomas n’était pas né), je trouve ce disque bricolé à la maison toujours aussi parfait. Oiseau (l’EP) est un peu le petit cousin de la Fossette.Certes, la référence semble facile, mais on se trouve indéniablement dans la même famille d’harmonies musicales. Gisèle Pape, sœur cadette de Françoiz Breut ? Là encore, c’est faire preuve de facilité, mais il est impossible de gommer cette indéniable sororité. Gisèle me semble toutefois plus folle et sa douce folie l’entraîne sur les chemins empruntés par Verone (Duo Dada), June et Jim et dans une moindre mesure ARLT.
La porte de l’univers de Gisèle Pape s’ouvre sur "Encore", un titre où le chant des oiseaux, un orgue entêtant et la voix délicate mais sûre de Gisèle rendent tout retour-arrière impossible : captifs désormais, mais prisonniers comblés ! Quelques notes de guitare plus tard et nous voici en compagnie de la "Sirène" d’Andersen : une ambiance cristalline à laquelle le violoncelle de Chloé Girodon (oui, Chloé de Pagan Poetry) donne des accents Timburtoniens.
"Moissonner", ritournelle aux accents médiévaux, donne la folle envie de se lancer dans une tarentelle endiablée. La piqure de la tarentule n’est pas nécessaire quand la musique fait perdre la raison. Je vous renvoie au morceau "Taranta" de Mina Tindle.
"Nuit" pourrait appartenir au répertoire de Françoiz Breut. Comme un titre inédit de Vingt à trente mille jours : un morceau joué à "L’heure Bleue" lors d’"Une nuit de fête". Je serais d’ailleurs curieux de voir quelle couleur Robi ou Françoise Hardy donneraient à ce titre.
"Dolls" est un de mes titres préférés de l’EP. Un titre rouge sur un disque bleu, un titre qui hypnotise comme le furent les rats de Hamelin par le flûtiste. Et nous voici prêts à nous noyer dans la musique buissonnière de Gisèle Pape. A vous la surprise de "Solitary Star".
Oiseau est encore un projet qu’il est possible de soutenir, mais c’est d’ores et déjà un de mes grands coups de cœur de l’année. Merci au poisson pilote qui m’a une fois de plus guidé vers une artiste d’exception.
|